Barry a déclaré au CPJ que l'audio ne citait aucune raison spécifique pour les menaces, mais a ajouté qu’il avait récemment exprimé son scepticisme à l’égard d’un accord entre le gouvernement malien et une société de mercenaires russes
Cet article a été initialement publié sur cpj.org le 30 juin 2022.
Les autorités burkinabè devraient enquêter sur les menaces proférées contre le journaliste Ahmed Newton Barry, demander des comptes aux responsables de ces menaces et assurer sa sécurité, a déclaré jeudi le Comité pour la protection des journalistes.
Barry a déclaré au CPJ lors d’une interview téléphonique que le 10 juin, son avocat lui avait envoyé un clip audio qui circulait alors largement dans les groupes WhatsApp, dans lequel on entendait une voix anonyme appelant les gens à attaquer la maison de Barry.
Une déclaration conjointe d’associations de presse locales a appelé les autorités burkinabè à enquêter immédiatement sur le message menaçant et à demander des comptes aux responsables.
Barry, ancien rédacteur en chef du journal privé L’Evènement qui commente désormais l’actualité pour divers médias burkinabè, a déclaré au CPJ que l’audio ne citait aucune raison spécifique pour les menaces, mais a ajouté qu’il avait récemment exprimé son scepticisme à l’égard d’un accord entre le gouvernement malien et une société de mercenaires russes, qui aurait été perçu comme provocateur pour les « enthousiastes pro-russes » de la région.
« Les autorités burkinabè devraient enquêter diligemment sur le message menaçant proféré contre Ahmed Newton Barry qui a récemment circulé sur les réseaux sociaux, et assurer sa sécurité », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ à Johannesburg, en Afrique du Sud. « La sécurité des journalistes au Burkina Faso est suffisamment précaire. Ils ne devraient pas avoir à s’inquiéter qu’une foule soit incitée à attaquer leurs maisons. »
Dans le clip audio, en langue locale Mooré que Barry a traduite pour le CPJ, le locuteur a identifié Barry par son nom et a ensuite ajouté qu’il « rassemblerait une centaine de personnes pour envahir sa maison. Nous allons y mettre le feu, puis tout détruire et ramasser les débris qui s’accumulent. »
Selon Barry, la menace pourrait être liée à des propos qu’il a tenus le 19 mai lors de l’émission « Surface de vérité » diffusée aux heures de grande écoute par la chaîne de télévision privée BF1, dans laquelle il critiquait le travail du gouvernement malien avec la société de mercenaires russes.
Barry a déclaré au CPJ qu’il avait transmis une copie de l’audio à Harouna Yoda, le procureur général du Burkina Faso.
« Dès que nous avons été informés, nous avons contacté la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité, qui a mobilisé d’autres sous-unités pour trouver la personne [qui a proféré les menaces] », a déclaré Yoda au CPJ lors d’un entretien téléphonique, affirmant qu’il ne pouvait s’exprimer davantage sur une enquête en cours.