Bien qu’il ai purgé sa peine de 10 ans de prison et reçu 50 coups de fouet pour “insulte à l’Islam”, Raif Badawi, reste, depuis sa sortie de prison, soumis à une interdiction de voyager de dix ans.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 10 mars 2023.
Le 11 mars 2022 a marqué la fin de 10 ans de détention pour le blogueur Raif Badawi. Mais un an plus tard, il n’est toujours pas libre de ses mouvements ni de sa parole. Reporters sans frontières (RSF) demande au royaume saoudien de lever sans attendre toutes les restrictions qui l’empêchent de sortir du pays pour rejoindre sa famille au Canada et de mettre fin à son calvaire.
Bien qu’il ai purgé sa peine de 10 ans de prison et reçu 50 coups de fouet pour “insulte à l’Islam”, le cofondateur du blog Saudi Liberal Network, Raif Badawi, désormais âgé de 39 ans, reste, depuis sa sortie de prison, soumis à une interdiction de voyager de dix ans. Il ne peut donc quitter l’Arabie saoudite pendant les neuf prochaines années, alors que sa famille réside désormais au Canada. Raif Badawi ne peut davantage s’exprimer car il fait également l’objet d’une interdiction de publier, d’utiliser les réseaux sociaux ou de communiquer avec les médias.
“Raif Badawi n’est toujours pas libre. Il est prisonnier dans son propre pays. Nous demandons que les restrictions qui pèsent sur lui soient immédiatement levées, afin qu’il puisse rejoindre sa famille au Canada et retrouver toutes ses libertés. Tenir un blog n’est pas un crime ! Il est temps de mettre un terme à son châtiment sans fin.
Jonathan Dagher, Responsable du bureau Moyen-Orient de RSF
Jointe au téléphone par RSF, la femme du bloggeur saoudien, Ensaf Haidar, raconte le quotidien compliqué de son mari. Depuis sa sortie de prison il y a un an, Raif Badawi a certes pu renouer avec un semblant de vie : il s’est accordé des sorties en ville et il a passé du temps avec des amis. Mais il n’a toujours pas pu retrouver sa femme ni ses trois enfants, tous les quatre réfugiés au Canada. Cela fait maintenant presque douze ans qu’ils ne se sont pas revus. “Attendre douze ans, c’est dur, et maintenant on nous demande d’attendre encore neuf ans. Les enfants ont grandi sans leur père, c’est difficile” confie son épouse à RSF.
Ces derniers mois, le tribunal saoudien qui a condamné Raif Badawi lui a en plus demandé de payer l’amende d’un million de riyal saoudiens (soit environ 250 000 euros) qui fait partie de sa peine. Une somme que le blogueur saoudien ne possède pas, d’autant que comme le rappelle sa femme, il ne peut pas travailler et -sa situation financière est précaire. « Il ne l’admet pas mais je sens qu’il est fatigué, Il est toujours en prison. La seule différence c’est qu’il peut maintenant se déplacer dans le pays qui le détient “ explique encore Ensaf Haidar.
Ces dernières années, des mesures de répression similaires envers des journalistes et des blogueurs, tant en Arabie saoudite qu’en exil, ont complètement anéanti le paysage médiatique indépendant du pays. Avec 25 journalistes et professionnels des médias toujours emprisonnés, le royaume reste la sixième plus grande prison au monde pour les journalistes et la troisième au Moyen-Orient, après l’Iran et la Syrie.