Lors de la clôture du sommet qui s’est tenu à Hiroshima, les dirigeants du G7 ont fait part dans leur déclaration finale de leur priorité à "garantir la promotion des informations factuelles, fiables et de qualité".
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 23 mai 2023.
Le combat de Reporters sans frontières (RSF) pour la promotion de la fiabilité de l’information dans l’espace numérique a reçu un soutien de taille de la part des dirigeants réunis à Hiroshima. Dans son communiqué, le G7 a appelé les plateformes à s’engager dans cette logique et assuré vouloir soutenir le Partenariat pour l’information et la démocratie initié par RSF, désormais signé par 50 Etats.
Lors de la clôture du sommet qui s’est tenu à Hiroshima, au Japon le 21 mai, les dirigeants du G7 ont fait part dans leur déclaration finale de leur priorité à “garantir la promotion des informations factuelles, fiables et de qualité”. A cet effet, ils ont appelé “les plateformes numériques à soutenir cette approche” et accentuer “la coopération sur ces questions avec nos partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux du monde entier qui partagent notre détermination à promouvoir l’accès à ce type d’information, notamment en soutenant les initiatives internationales pertinentes, telles que le Partenariat international pour l’information et la démocratie”.
“Nous nous rapprochons d’une victoire dans une bataille essentielle. La lutte contre la désinformation suppose sans doute des mesures diversifiées, mais une chose est sûre : si cette lutte se réduit à vouloir identifier la désinformation, la qualifier juridiquement et la retirer, elle échouera, tant cela relève de la gageure sur les plans juridique et pratique. La solution la plus pertinente suppose de remettre au centre de l’espace public les acteurs qui produisent de l’information dans des conditions favorisant sa fiabilité. Nous avons besoin d’un changement systémique, au coeur des algorithmes.”
Christophe Deloire, Secrétaire général de RSF
Pour mettre en œuvre ce principe, RSF a lancé un mécanisme de promotion de la fiabilité de l’information, fondé sur une norme type ISO, la Journalism Trust Initiative (JTI). Elle permet de s’assurer de la conformité des processus des médias aux principes du journalisme, pour permettre l’amplification des sources journalistiques sur les plateformes numériques et pour leur favoriser l’accès aux financements publicitaires. En mai, RSF a ainsi lancé une disposition spécifique de la JTI en Ukraine, un protocole d’urgence” en partenariat avec NewsGuard, avec le soutien de Microsoft.
En septembre 2022, lors du Sommet pour l’information et la démocratie en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, onze Etats adoptaient une déclaration de soutien à la Journalism Trust Initiative (JTI). Lors du Conseil Affaires générales de l’Union européenne en mars 2023, la Slovaquie ralliée par huit Etats appelait à imposer aux plateformes une obligation d’amplification des sources fiables identifiées grâce à la JTI. C’est désormais la position officielle de la France et de la Slovaquie dans la négociation en cours de la législation européenne sur la liberté des médias. La régulation européenne intègre déjà la JTI puisqu’elle est mentionnée dans le Code de bonnes pratiques en matière de désinformation adopté en juin 2022 comme l’indicateur de référence sur la fiabilité de l’information. Le projet de European Media Freedom Act y fait également référence.
L’enjeu désormais est que les Etats démocratiques imposent aux plateformes numériques la mise en œuvre d’une obligation de promotion systémique de l’information fiable. C’est le sens des recommandations de RSF dans la Législation européenne sur la liberté des médias.
A noter que le communiqué du G7 a appelé à renforcer leur coopération pour promouvoir l’accès à l’information fiable, notamment par le soutien au Partenariat sur l’information et la démocratie, initié par RSF. Une initiative multilatérale dont l’organe de mise en œuvre, le Forum sur l’information et la démocratie, a déjà formulé des centaines de recommandations pour la législation. Soixante d’entre elles ont inspiré la législation européenne sur les services numériques, à travers le Digital Service Acts (DSA) et son Code de bonnes pratiques en matière de désinformation.