La loi s'applique désormais à “tout individu” "soupçonné" de porter atteinte à la sécurité nationale de la Chine, soit même en dehors du territoire et quelle que soit sa nationalité.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 2 juin 2023.
Reporters sans frontières (RSF) dénonce l’élargissement du champ d’application de la loi sur la sécurité nationale de Macao, entré en vigueur cette semaine, qui intensifie les pressions exercées sur les journalistes et menace encore plus le droit à l’information des habitants.
Le 30 mai 2023, est entrée en vigueur une version étendue de la loi de 2009 sur la sauvegarde de la sécurité nationale à Macao, un règlement qui définit sept crimes passibles d’une peine maximale de 25 ans d’emprisonnement.
La loi s’applique désormais à “tout individu” « soupçonné » de porter atteinte à la sécurité nationale de la Chine, soit même en dehors du territoire et quelle que soit sa nationalité. Le champ d’application et la définition des crimes ont également été considérablement élargis : la « subversion » et la « sécession » comprennent désormais les actes non violents, la « sédition » inclut les « actes qui incitent à participer à des émeutes » et le « vol de secrets d’État » est devenu la « violation de secrets d’État ».
« La législation initiale étant déjà dangereusement ouverte à l’interprétation, l’élargissement de son champ d’application en fait désormais le parfait outil à disposition du gouvernement pour intimider, voire emprisonner, les journalistes qui leur déplaisent. Nous appelons la communauté internationale à renforcer leur pression sur le régime chinois afin qu’il restaure la liberté de la presse à Macao et à Hong Kong, et pour qu’il libère les 113 journalistes et défenseurs de la liberté de la presse détenus dans le pays. »
Cédric Alviani, Directeur du bureau Asie de RSF
Macao, région administrative spéciale de la Chine, a été rétrocédée en 1999, soit deux ans après Hong Kong, et doit, en principe, être gouvernée de manière autonome pendant 50 ans. L’ancienne colonie portugaise, souvent présentée comme “l’enfant modèle”, en opposition à Hong Kong “la rebelle”, a également vu la liberté de la presse, déjà limitée, se détériorer dans la lignée de la guerre menée contre le droit à l’information menée par le dirigeant chinois Xi Jinping.
À Hong Kong, depuis l’adoption en 2020 de la loi sur la sécurité nationale, une dizaine de journalistes et de défenseurs de la liberté de la presse ont été poursuivis sur la base de cette législation, et sept médias ont cessé leurs activités.
En Chine continentale, où des accusations abusives de crime contre la sécurité nationale sont régulièrement utilisées comme arme contre les voix indépendantes, et notamment des journalistes, le régime vient, récemment, d’étendre le champ d’application de sa loi sur le contre-espionnage.”
Hong Kong occupe le 140e rang sur 180 pays et territoires au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023 – une chute de 122 places en deux décennies. La Chine se situe, elle, au 179e rang des pays et territoires répertoriés.