"Cette obstination cruelle doit maintenant cesser. Reporters sans frontières s'insurge contre la condamnation à six ans de prison de José Rubén Zamora et la maltraitance qu'il subit."
Este artículo fue publicado originalmente en rsf.org el 16 de junio de 2023.
Reporters sans frontières (RSF) dénonce la condamnation aberrante à six ans de prison de José Rubén Zamora, ainsi que ses conditions de détention indignes marquant l’acharnement contre le patron d’un journal critique du pouvoir. À dix jours de l’élection présidentielle, cette décision, symbole de la dérive autoritaire au Guatemala, doit être annulée et José Rubén Zamora doit être libéré immédiatement
L’acharnement contre le patron et fondateur du quotidien national El Periódico pour le faire taire continue et s’intensifie. En détention depuis bientôt onze mois, le journaliste José Rubén Zamora, a été condamné ce mercredi 14 juin, à six ans de prison par un tribunal du Guatemala. Accusé d’avoir tenté de blanchir une somme équivalente à 35 000 euros, fruit supposé d’un chantage auprès d’hommes d’affaires contre la promesse de taire des informations les concernant, il clame son innocence et a annoncé son intention de faire appel.
RSF a pu constater, lors d’une mission avec d’autres organisations internationales de défense de la liberté de la presse au Guatemala le mois dernier, les conditions de détention indignes de José Rubén Zamora. Le journaliste et patron de presse de 66 ans, qui a perdu 16 kilos, est à l’isolement permanent depuis presque onze mois. Il a, en outre, relaté aux membres de la mission plusieurs épisodes de torture psychologique dont il a été victime.
L’acharnement judiciaire contre El Periódico a fait disparaître ce quotidien de référence, après 27 ans d’existence, mais il ne fera pas taire son fondateur. Cette obstination cruelle doit maintenant cesser. Reporters sans frontières s’insurge contre la condamnation à six ans de prison de José Rubén Zamora et la maltraitance qu’il subit. Nous sommes très préoccupés par son état de santé. Sa condamnation doit être annulée et il doit être libéré. Cette condamnation confirme la dérive autoritaire dans laquelle est plongée le Guatemala. Elle est de très mauvais augure pour l’avenir de la liberté de la presse dans le pays qui s’apprête à élire un nouveau président dans dix jours.
José Rubén Zamora a été arrêté le 29 juillet 2022, cinq jours après la publication par El Periódico d’enquêtes sur des affaires de corruption impliquant le cercle proche du président Alejandro Giammattei. Huit anciens collaborateurs du journal sont aussi visés pour obstruction à la justice, par une autre instruction ouverte contre José Rubén Zamora,. La plupart d’entre eux ont quitté le Guatemala, tout comme l’épouse du patron de presse, qui a dû prendre la route de l’exil à la veille du verdict.
La campagne en vue du scrutin présidentiel du 25 juin a été marquée par l’éviction de plusieurs favoris par la justice électorale, soupçonnée de vouloir préserver le pouvoir des élites dirigeantes. À la veille des élections, la situation de la liberté de la presse dans le pays est préoccupante. Un rapport approfondi sur les conclusions de la mission internationale au Guatemala de RSF et d’une coalition d’organisations internationales sera rendu public le 22 juin.