armi les plaignants figurent le groupe de défense des droits de l’homme AfricTivistes, basé au Sénégal, et les journalistes locaux Ayoba Faye et Moussa Ngom. Ngom est également correspondant du CPJ pour l’Afrique francophone
Cet article a été initialement publié sur cpj.org le 15 février 2024.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) salue la récente action en justice intentée contre le Sénégal devant la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour contester les coupures d’Internet au Sénégal en 2023 et chercher à empêcher de nouvelles coupures dans le pays.
« L’action intentée contre le Sénégal devant la Cour de justice de la CEDEAO est un effort important pour demander des comptes aux responsables de la coupure d’Internet en 2023 », a déclaré Angela Quintal, responsable du programme Afrique du CPJ. « La coupure d’Internet au Sénégal au début du mois de février 2024, à la suite du report de l’élection présidentielle, a mis en évidence la nécessité de continuer à agir pour mettre fin à cette censure brutale. Internet est essentiel pour que les journalistes puissent travailler librement et en toute sécurité, et pour que le public puisse accéder à l’information. »
Mardi, le ministre de la Communication, Moussa Bocar Thiam, a déclaré dans un communiqué que l’internet des données mobiles avait de nouveau été suspendu selon « certaines plages horaires » car il avait été utilisé pour diffuser des « messages haineux et subversifs » qui avaient provoqué de violentes manifestations. Une marche prévue mardi pour protester contre le report des élections a été repoussée après avoir été interdite au motif qu’elle risquait d’entraver la circulation, selon les médias.
Media Defence, une organisation de défense des droits de l’homme qui apporte un soutien juridique aux journalistes, et le Rule of Law Impact Lab de la faculté de droit de l’Université de Stanford ont saisi la Cour de justice de la CEDEAO le 31 janvier pour contester les coupures d’Internet par le gouvernement sénégalais dans le pays en juin, juillet et août 2023, selon un communiqué de presse publié mardi par ces organisations. Parmi les plaignants figurent le groupe de défense des droits de l’homme AfricTivistes, basé au Sénégal, et les journalistes locaux Ayoba Faye et Moussa Ngom. Ngom est également correspondant du CPJ pour l’Afrique francophone.
En juin, juillet et août 2023, le gouvernement sénégalais a interrompu l’accès à Internet et aux plateformes de réseaux sociaux suite à des manifestations déclenchées par l’arrestation et les poursuites engagées contre le chef de l’opposition Ousmane Sonko.
Le 3 février 2024, le président sénégalais Macky Sall a annoncé le report de l’élection présidentielle dans le pays, initialement prévue le 25 février. Au cours des deux jours suivants, sur fond de manifestations et de violations de la liberté de la presse, les autorités ont bloqué l’accès à l’internet mobile. L‘accès à l’internet des données mobiles a été temporairement rétabli le 7 février.
Des blocages similaires de l’accès aux plateformes de réseaux sociaux ont été signalés en 2021.