(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 16 février 2000: IRAN A la veille des élections législatives, les conservateurs accentuent la pression sur la presse réformatrice Reporters sans frontières s’alarme de la situation de la liberté de la presse à la veille des élections législatives. En 1999, les tribunaux, dominés par […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 16 février 2000:
IRAN
A la veille des élections législatives, les conservateurs accentuent la pression sur la presse réformatrice
Reporters sans frontières s’alarme de la situation de la liberté de la presse à la veille des élections législatives. En 1999, les tribunaux, dominés par les conservateurs, ont envoyé sept journalistes derrière les barreaux et ordonné la fermeture de cinq journaux de tendance réformatrice. Depuis le début de l’année 2000, un journal a été suspendu, un journaliste arrêté, trois directeurs de journaux poursuivis et les programmes de trois radios étrangères brouillés. Trois journalistes sont actuellement emprisonnés pour des délits de presse dans ce pays.
L’exemple le plus significatif est, sans doute, la condamnation d’Abdollah Nouri, directeur du quotidien Khordad, le 27 novembre 1999. Le tribunal spécial du clergé le reconnaît coupable de quinze délits, tels que « propagande anti-religieuse », « insultes dirigées contre l’imam Khomeiny », « déstabilisation de l’opinion publique » etc. Le tribunal le condamne à cinq ans de prison, ordonne la fermeture de son journal et lui interdit d’exercer ses fonctions de journaliste pendant cinq ans.
Khordad est le cinquième journal de tendance réformatrice à être ainsi interdit par les conservateurs. Le 3 février 1999, le mensuel Adineh, voit sa licence révoquée pour « mensonges » et articles « contraires à la morale islamique ». L’hebdomadaire Fakour est également interdit pour avoir publié une interview de Mohsen Kadivar, un intellectuel de la mouvance islamiste réformatrice. Ce dernier est, par ailleurs, emprisonné en avril 1999 pour ses articles favorables à une plus grande autonomie de la politique par rapport à la religion. Le 7 juillet, le quotidien Salam est suspendu pour avoir critiqué une proposition de loi durcissant les sanctions à l’encontre de la presse. Cette fermeture provoque, dans les principales villes du pays, de graves incidents entre étudiants et forces de l’ordre. Le 4 août, Salam est définitivement suspendu. Le 5 septembre, le quotidien Neshat est interdit pour « insulte à l’islam » et son rédacteur en chef, Machallah Chamsolvaézine, est condamné, le 27 novembre, à trois ans de prison.
La presse libérale, qui se fait largement l’écho des aspirations des jeunes et des femmes, ne se résigne pas pour autant. A chaque journal interdit, un nouveau se crée sous un autre nom : Salam laisse la place à Bayan, Neshat devient Asr-E-Azdegan, Khordad se change en Fath. Mais les tribunaux ne relâchent pas non plus la pression : le 5 février 2000, le tribunal de la presse fait comparaître Nik Ahang-Kosar, caricaturiste de Azad, pour deux de ses caricatures jugées « insultantes » pour l’ayatollah Mohammad-Taghi Mesbah-Yazdi. Ce dignitaire religieux conservateur, connu pour ses positions violentes à l’égard de la presse réformatrice, avait récemment accusé cette presse d’être financée par la CIA. Depuis le début du mois de février, les radios étrangères sont la cible des conservateurs qui brouillent les émissions en persan de Voice of America, Radio Free Europe et BBC. Au vu des tensions grandissantes à la veille des élections, le parlement a accepté, en janvier, à la demande des députés réformateurs, le report de trois mois – c’est-à-dire après les élections législatives – de la proposition de loi, très controversée, sur la presse qui avait été adoptée en première lecture en juillet 1999.
Reporters sans frontières demande aux différents candidats de s’opposer, en cas d’élection, à la proposition de loi sur la presse et de s’engager à tout mettre en oeuvre pour obtenir la libération des trois journalistes actuellement emprisonnés.