Depuis leur longue couverture d'une grève inédite et violemment réprimée des travailleurs du secteur pétrolier dans la région de Mangistau, la pression contre Stan TV et l'agence de presse Namystan s'est accentuée.
(RSF/IFEX) – « Les services de sécurité kazakhs sont décidément prêts aux manoeuvres les plus absurdes et insidieuses pour bâillonner les médias indépendants. ‘Inspections’ de toutes natures, tentatives de corruption, menaces, agressions, et maintenant usage de la justice pour obtenir la fermeture des locaux : tout aura été mis en oeuvre contre Stan TV et ses partenaires », a déclaré Reporters sans frontières.
Principal portail d’information indépendante du pays, Stan TV fournit en contenu vidéo la chaîne satellitaire centre-asiatique K+ et collabore avec l’agence de presse Namystan. Depuis leur longue couverture d’une grève inédite et violemment réprimée des travailleurs du secteur pétrolier dans la région de Mangistau, la pression contre ces médias s’est accentuée.
Le 27 septembre 2011, un tribunal d’Almaty a ordonné la fermeture du studio de production de Stan TV et le démantèlement de son émetteur-récepteur jusqu’à une « mise aux normes » conforme aux critères de l’agence de l’inspection sanitaire. Quatre jours plus tôt, il avait déjà condamné Namystan à fermer ses locaux pour « non respect des normes de sécurité anti-incendie ». La cascade d’inspections subies depuis près de deux mois commence donc à produire ses effets.
Le 8 septembre 2011, au lendemain de l’agression d’un caméraman de Stan TV par le sous-directeur de l’agence d’inspection sanitaire, la rédaction s’était vu notifier une plainte de cette dernière auprès du tribunal du quartier de Bostandyk (Almaty). Selon l’agence, les ondes électromagnétiques émises par l’antenne installée sur le toit de Stan TV nuiraient à la santé des riverains et des employés. Le propriétaire de l’antenne, l’entreprise de télécommunication ASTEL, affirme pourtant que la puissance de l’émetteur-récepteur est conforme aux normes et même plus faible que certaines autres antennes du quartier.
L’accusation a été renforcée par une nouvelle inspection, diligentée le 15 septembre : l’inspection sanitaire reproche alors à Stan TV, entre autres, de laisser « les employés du studio se rendre au travail sans consultation médicale préalable et régulière » (ce que la législation en vigueur ne prévoit pas pour les salariés de cette catégorie) ou de « ne pas avoir produit les résultats d’analyse de laboratoire quant au bruit, à l’intensité lumineuse et à la température » dans ses locaux. En outre, la température relevée dans les bureaux serait de 27°C, au lieu des 25°C réglementaires. Toutes les demandes de Stan TV pour obtenir les rapports d’expertise se sont heurtées à un refus. Les résultats des contre-expertises indépendantes réalisées à la demande de Stan TV ont été ignorés par le tribunal.
Le 20 septembre 2011, deux journalistes de la rédaction, Cherniyaz Chagatay et Azamat Esbergen, ont révélé qu’ils avaient reçu des offres insistantes de collaboration avec le KNB (Comité de sécurité nationale, ex-KGB), qui devant leur refus, se sont transformées en menaces ouvertes et répétées. D’après le producteur Danech Baïbolov, le comptable du site, les journalistes et les réalisateurs de la rédaction en langue russe ont aussi fait l’objet de menaces à plusieurs reprises. Cinq employés ont déjà démissionné de Stan TV du fait des pressions auxquelles ils étaient soumis.
« Les autorités doivent immédiatement mettre un terme au harcèlement de Stan TV et de ses médias partenaires, a conclu l’organisation. Cette parodie de justice dessert considérablement l’image du Kazakhstan et ses prétentions au rôle de leader régional ».