(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières accueille avec satisfaction la condamnation, le 20 janvier 2006, d’Anibal Antonio dos Santos Junior, dit « Anibalzinho », le chef du commando des assassins du journaliste Carlos Cardoso, à près de 30 ans de prison. L’organisation rappelle toutefois que d’importantes zones d’ombre planent encore sur cette affaire et que ni les circonstances […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières accueille avec satisfaction la condamnation, le 20 janvier 2006, d’Anibal Antonio dos Santos Junior, dit « Anibalzinho », le chef du commando des assassins du journaliste Carlos Cardoso, à près de 30 ans de prison. L’organisation rappelle toutefois que d’importantes zones d’ombre planent encore sur cette affaire et que ni les circonstances des deux évasions spectaculaires du détenu ni les accusations de complicité formulées par deux de ses complices contre le fils de l’ancien président, Nyimpine Chissano, n’ont été éclaircies.
« En Afrique, il est suffisamment rare que l’assassinat d’un journaliste connaisse une suite judiciaire pour que nous exprimions notre satisfaction devant ce verdict, a déclaré Reporters sans frontières. Etant donné ses deux évasions précédentes, les autorités mozambicaines doivent maintenant veiller à ce qu’Anibalzinho et ses complices purgent la peine qui leur a été infligée. Mais l’action de la justice n’est pas terminée. Elle doit maintenant faire toute la lumière sur les commanditaires de l’assassinat et, notamment, le rôle qu’aurait pu jouer Nyimpine Chissano. »
Anibalzinho a également été condamné à payer 14 milliards de meticals (environ 490 000 euros) de dommages et intérêts à la famille de Carlos Cardoso et 1,5 milliard de meticals (entre 51 000 et 52 000 euros) au chauffeur du journaliste qui avait été blessé lors du crime. Le juge a déclaré qu’à l’issue de l’accomplissement de la totalité de sa peine, « Anibalzinho devra être expulsé vers le Portugal », pays dont il a la nationalité.
Carlos Cardoso, directeur du quotidien « Metical », a été assassiné, le 22 novembre 2000, sur l’avenue Martires de Machava, à Maputo. Il se trouvait dans sa voiture avec son chauffeur quand deux hommes leur ont bloqué la route et ont ouvert le feu. Carlos Cardoso, touché de plusieurs balles à la tête, est mort sur le coup. Son chauffeur a été grièvement blessé. Le journaliste enquêtait alors sur le plus gros scandale financier du pays depuis son indépendance: le détournement d’une somme équivalente à 14 millions d’euros de la Banque commerciale du Mozambique (BCM). Il avait notamment cité dans ses articles les noms des frères Satar et de Vicente Ramaya, trois hommes d’affaires très influents.
Au cours du procès des cinq principaux prévenus, en janvier 2003, deux d’entre eux avaient accusé le fils du chef de l’Etat, Nyimpine Chissano, d’avoir commandité l’assassinat de Carlos Cardoso. Fin décembre 2002, le procureur général de la République, Joaquim Madeira, avait annoncé qu’une nouvelle enquête était en cours pour déterminer l’éventuelle responsabilité de Nyimpine Chissano dans cette affaire. Convoqué en tant que témoin dans le procès d’Anibalzinho, celui-ci a nié avoir jamais eu affaire au chef du commando.
Anibalzinho, évadé de la prison de haute sécurité de Maputo en mai 2004, avait été arrêté par Interpol quelques jours plus tard à son arrivée à l’aéroport international de Toronto, où il avait demandé l’asile politique, puis extradé vers le Mozambique en janvier 2005. Le criminel s’était déjà évadé de la même prison, en septembre 2002, avant d’être capturé à Pretoria, en Afrique du Sud, en janvier 2003, le jour même de sa condamnation à 28 ans de prison pour l’assassinat du directeur de Metical.