(RSF/IFEX) – Dans une lettre datée du 28 décembre 2001 et adressée au ministre de la Justice, Gary Lissade, RSF a exprimé sa vive préoccupation après que le juge Claudy Gassant, chargé de l’enquête sur l’assassinat du journaliste Jean Dominique, a été victime d’un acte d’intimidation de la part d’agents de sécurité du Palais national. […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre datée du 28 décembre 2001 et adressée au ministre de la Justice, Gary Lissade, RSF a exprimé sa vive préoccupation après que le juge Claudy Gassant, chargé de l’enquête sur l’assassinat du journaliste Jean Dominique, a été victime d’un acte d’intimidation de la part d’agents de sécurité du Palais national. RSF a demandé au ministre de tout mettre en oeuvre pour que les auteurs de cette agression soient rappelés à l’ordre. À quelques jours du renouvellement du mandat du juge d’instruction, le 4 janvier 2002, RSF a salué le travail réalisé par ce dernier et expliqué que « dans un souci évident d’efficacité, il est nécessaire que le juge Gassant continue de suivre le dossier. Après cette nouvelle agression et compte tenu de l’importance de cette affaire, nous vous demandons par ailleurs d’étudier la possibilité que d’autres magistrats soient nommés pour épauler le juge sur ce dossier », a exposé Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. Ce dernier a rappelé que le précédent juge en charge de l’enquête avait préféré démissionner après avoir subi des pressions.
Selon les informations recueillies par RSF, le juge Gassant, en charge de l’enquête sur l’assassinat du journaliste Dominique, a été victime d’un acte d’intimidation, le 21 décembre, de la part d’agents de sécurité du Palais national, le palais présidentiel. D’après le juge, alors qu’il se trouvait derrière un véhicule du Palais national, ce dernier a délibérément fait marche arrière pour emboutir sa voiture et la pousser sur plusieurs mètres. Les policiers sont ensuite descendus et ont mis en joue le magistrat. Ils ont ensuite expliqué qu’ils protégeaient un convoi de quatre véhicules du Palais national qui rentrait d’une opération spéciale. Les policiers ont finalement quitté les lieux. À aucun moment, ils n’ont présenté leurs excuses au magistrat. RSF rappelle qu’en mai, le commissaire Evens Saintune avait, à plusieurs reprises, menacé le juge.
Le 4 janvier, le mandat du juge Gassant doit être renouvelé. Selon le code d’instruction criminelle, les juges d’instruction sont nommés pour trois ans, mandat qui peut être renouvelé. Nommé il y a trois ans, le juge Gassant mène l’enquête sur l’assassinat de Dominique depuis septembre 2000. Le précédent juge en charge de l’enquête avait préféré démissionner après avoir subi des pressions.
Dominique, le journaliste et analyste politique haïtien le plus connu du pays, était mort le 3 avril 2000, abattu dans la cour de Radio Haïti Inter dont il était le directeur. Jean-Claude Louissaint, le vigile de la station, avait également été tué dans l’attentat. Dans son éditorial du 19 octobre 1999, Dominique avait vivement mis en cause Dany Toussaint, membre de Fanmi Lavalas qui a depuis été élu sénateur. En août 2001, le juge d’instruction en charge du dossier a demandé au Sénat de lever l’immunité parlementaire de Toussaint pour son implication présumée dans l’assassinat du journaliste. Le Sénat ne s’est toujours pas prononcé.