Paulin Munanga a été passé à tabac par des éléments de l'ANR alors qu'il couvrait une manifestation d'activistes des droits de l'homme.
(JED/IFEX) – Dans une lettre adressée, mardi 11 août 2009, à M. Alan Doss, Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’ONU et Chef de la MONUC (Mission des Nations Unies au Congo), Journaliste en Danger (JED) attire son attention particulière sur le cas d’un journaliste de Radio Okapi qui a été violemment agressé, vendredi 7 août 2009, à Lubumbashi, par des éléments des Services de sécurité (ANR, Agence Nationale des Renseignements).
JED demande à M. Doss de sortir de sa réserve et d’user de tout son pouvoir pour que cessent une fois pour toutes les menaces et autres attaques dont sont victimes les professionnels des médias et autres défenseurs des droits de l’homme dans l’exercice de leur travail.
« N’attendez pas qu’on tue un journaliste, un de plus, pour réagir avec vigueur », peut-on lire dans la correspondance de JED qui rappelle qu’au cours des deux dernières années, deux journalistes de Radio Okapi (Serge Maheshe et Didace Namujimbo) ont été tués à Bukavu (Est de la RD Congo).
Selon des informations parvenues à JED et des témoignages recueillis auprès de la victime et des témoins de cet incident, Paulin Munanga, journaliste-reporter de l’antenne provinciale de Radio Okapi à Lubumbashi, a été copieusement passé à tabac par des éléments de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR), vendredi 7 août 2009, alors qu’il couvrait une manifestation d’activistes des droits de l’homme près du gouvernorat de la province du Katanga.
Par la même occasion, son matériel (un enregistreur) a été confisqué avant d’être récupéré, tard dans la soirée, des mains du Directeur Provincial de l’ANR, Dede Kaseka, après l’intervention des autorités locales de la MONUC et du Gouvernorat du Katanga.
Le journaliste a rapporté à JED qu’il s’est tiré de cette agression avec des profondes contusions et souffre de vives douleurs à l’épaule droite. « Je n’ai eu la vie sauve que grâce à l’intervention des manifestants », a-t-il poursuivi.
JED rappelle que récemment, quelques journalistes de Radio Okapi à Kinshasa ont fait part de leur peur à la suite des menaces anonymes qu’ils ont reçues après la diffusion d’une émission de débat à téléphone ouvert. Sur un ton grave, les auteurs de ces menaces n’ont pas manqué de rappeler aux journalistes le sort de leurs deux confrères tués à l’Est de la RD Congo.
JED constate que depuis la reprise des hostilités et la résurgence des foyers de tensions, notamment à l’Est du pays, il devient de plus en plus difficile pour des journalistes indépendants de faire librement leur travail sans être des cibles des personnes détenant une parcelle de pouvoir politique ou militaire, sous prétexte de la sécurité nationale ou de la démoralisation des troupes.
Dans ces conditions, la liberté de la presse se trouve plus que jamais menacée et les journalistes réellement en danger.
Au regard de tout ce qui précède, et face au laxisme des autorités congolaises devant des multiples appels lancés en vue de la protection des journalistes et la fin de l’impunité de ceux qui s’en prennent ouvertement aux médias, JED a demandé au représentant du Secrétaire Général des Nations Unies:
1. D’user de son mandat de protection des droits de l’homme pour que des personnes identifiables, responsables de l’agression du journaliste de Radio Okapi soient sanctionnées conformément aux lois congolaises;
2. D’obtenir du gouvernement un engagement solennel à respecter la liberté de la presse, à protéger les journalistes dans l’exercice de leurs fonctions et à sanctionner sévèrement les auteurs des menaces et attaques contre la presse, au nom de la politique de « tolérance zéro » tant claironnée.