(RSF/IFEX) – Alors qu’Akbar Ganji entame aujourd’hui son cinquante-et-deuxième jour de grève de la faim, l’un de ses avocats, Abdolfattah Soltani est détenu au secret depuis le 30 juillet 2005. « Nous demandons à la justice iranienne de nous fournir des explications sur la détention de Maître Soltani. Une telle arrestation ne peut que susciter des […]
(RSF/IFEX) – Alors qu’Akbar Ganji entame aujourd’hui son cinquante-et-deuxième jour de grève de la faim, l’un de ses avocats, Abdolfattah Soltani est détenu au secret depuis le 30 juillet 2005.
« Nous demandons à la justice iranienne de nous fournir des explications sur la détention de Maître Soltani. Une telle arrestation ne peut que susciter des interrogations, puisqu’elle intervient à un moment crucial. S’il vient à être prouvé qu’il a été arrêté sous un faux prétexte, et ceci dans le but délibéré de le mettre hors-circuit dans les affaires Ganji et Kazemi, la preuve sera faite que ces deux cas de journalistes indisposent fortement certains secteurs de la justice aux mains des ultra-conservateurs », a déclaré RSF.
Soltani, l’un des cofondateurs, avec Shirin Ebadi, du Cercle d’avocats défenseurs des droits de l’Homme, a été arrêté le 30 juillet, sur ordre de Saïd Mortazavi, le procureur général de Téhéran qui est à l’origine de l’inculpation de Ganji.
Après avoir perquisitionné son domicile le 27 juillet, un groupe d’hommes – dont on ignore l’identité mais qui pourraient être des agents du tribunal révolutionnaire – ont mis Soltani dans une voiture et l’ont emmené vers un lieu inconnu. Lors de son arrestation, l’avocat faisait un sit-in dans les locaux du barreau de Téhéran afin de protester contre le mandat d’arrêt délivré à son encontre. Depuis, il est détenu dans le quartier 209 (renseignement) de la prison d’Evin.
Soltani est, entre autres, chargé d’assurer la défense de Ganji. L’arrestation de l’un de ses avocats risque de démoraliser le journaliste, en grève de la faim depuis 52 jours. Mais elle risque surtout d’influer sur le moral de l’ensemble de ses avocats, qui sont désormais sous la menace d’une arrestation.
Ebadi s’est inquiétée des conséquences d’une telle arrestation. « Si on traite les avocats de cette manière, plus personne ne voudra défendre les accusés de crimes politiques ou idéologiques », a-t-elle déclaré.
Soltani, en tant que membre de l’Association des défenseurs des droits de l’Homme, est également l’un des avocats en charge du dossier Zahra Kazemi. Son arrestation, à quelques jours de l’épilogue judiciaire de cette affaire, risque de déstabiliser les avocats qui se sont engagés à faire toute la lumière sur les circonstances de la mort de la photojournaliste irano-canadienne.
Selon Jamal Karimi-Rad, le porte-parole de la justice iranienne, Soltani a été appréhendé dans le cadre de l’affaire des « espions nucléaires », dont il défend les intérêts devant la justice. On lui reproche d’avoir divulgué « à l’intérieur et à l’extérieur du pays des informations concernant les espions nucléaires ».
En 2004, l’Iran avait annoncé l’arrestation d’une dizaine de personnes accusées d’espionner les activités nucléaires iraniennes pour le compte des Etats-Unis et d’Israël. Les accusés sont désormais connus sous le nom « d’espions nucléaires ».
52ème jour de grève de la faim pour Akbar Ganji
Contre sa volonté, et à la demande de son épouse, il a été placé sous perfusion le 29 juillet 2005. Mais depuis lors, il refuse à nouveau toute perfusion. Malgré la détérioration de son état de santé, il continue de faire publier sur Internet des communiqués virulents, dans lesquels il attaque le gouvernement. Selon plusieurs observateurs, cette détermination amenuise considérablement ses chances de libération.
Jusqu’à présent, il refusait de faire lui-même la demande de sa libération, comme l’exige la justice iranienne. Mais ses avocats ne peuvent plus, depuis quelques jours, lui rendre visite afin d’essayer de le faire changer d’avis.
D’autant plus que l’ayatollah Sharoudi, le chef du pouvoir judiciaire iranien, a pris position le 31 juillet en faisant de Ganji le seul responsable de la situation dans laquelle il se trouve. Sharoudi avait déjà refusé d’enlever le dossier des mains de Mortazavi.
Face aux appels de la communauté internationale et de l’ancien président Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, la justice iranienne refuse toute libération anticipée.
Par ailleurs, RSF condamne arrestation, le 25 juillet, du journaliste Masoud Bastani, impliqué dans le mouvement en faveur de la libération d’Akbar Ganji. Collaborateur de plusieurs journaux réformateurs, notamment « Etemad », « Toseeh » et « Joumhoryat », Bastani a également publié de nombreuses informations sur la situation de son confrère en grève de la faim. Détenu à la prison d’Evin, il n’a pas été autorisé à recevoir de visite. Il pourrait être transféré à la prison d’Arak (Centre) où il risque d’être détenu avec des prisonniers de droit commun.