Dans un Etat où règnent la censure et l’autocensure, Al-Nour Ahmad Al-Nour est de ceux qui affichent un rare franc-parler. Interrogé dans le passé par le Doha Centre for Media Freedom et par le journal The Niles, il n’hésitait pas à dénoncer la répression des autorités soudanaises contre les médias nationaux.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 24 octobre 2014.
Le journaliste Al-Nour Ahmad Al-Nour a été arrêté à Khartoum, jeudi 23 octobre, par les services de sécurité soudanais. Les fondements de son arrestation sont inconnus.
Le 23 octobre en début de soirée, le journaliste soudanais Al-Nour Ahmad Al-Nour, correspondant au Soudan du journal panarabe Al-Hayat, basé à Londres, et chroniqueur pour le quotidien soudanais Al-Tigheer, se rendait à son bureau dans le centre de Khartoum quand il a été interpellé par des agents des services nationaux de renseignement et de sécurité (NISS – National Intelligence and Security Services).
D’abord emmené au quartier général du NISS, Al-Nour Ahmad Al-Nour a ensuite été transféré à la prison de Kober où il a pu contacter son frère pour lui signaler son arrestation. Il n’a donné depuis aucune nouvelle.
« Si nous n’avons pour le moment pas connaissance des motifs de l’interpellation d’Al-Nour Ahmad Al-Nour, il est avéré que le journaliste était dans le collimateur des autorités depuis plusieurs mois pour ses écrits, déclare Virginie Dangles, adjointe à la direction des programmes de Reporters sans frontières. L’arrestation d’une des voix majeures du journalisme soudanais est très inquiétante pour la liberté de l’information dans le pays. Nous exigeons qu’Al-Nour Ahmad Al-Nour bénéficie des principes de droit international approuvés par le Soudan, et notamment que ses proches soient informés des raisons de son arrestation. A défaut, il doit impérativement être libéré ».
Dans un Etat où règnent la censure et l’autocensure, Al-Nour Ahmad Al-Nour est de ceux qui affichent un rare franc-parler. Interrogé dans le passé par le Doha Centre for Media Freedom et par le journal The Niles, il n’hésitait pas à dénoncer la répression des autorités soudanaises contre les médias nationaux. En avril 2013, alors rédacteur en chef du quotidien indépendant Al-Sahafa, il avait été suspendu de ses fonctions par le NISS en raison, selon lui, de son opposition à la censure.
Cette nouvelle interpellation intervient quelques semaines après la détention arbitraire par le NISS des journalistes Abdelrahman Alaagib et Eisa Aizain pendant neuf jours. Les deux hommes avaient ensuite été relâchés sans plus d’explication.
Le Soudan est en 172e position sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.