La voiture, garée devant la maison du reporter à Berlin, a été retrouvée en train de brûler le 27 décembre 2014. Le photographe avait déjà été la victime du même type d’attaque en avril.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 30 décembre 2014.
Reporters sans frontières condamne l’incendie de la voiture d’un photojournaliste allemand le week-end dernier. La piste d’un acte criminel conduit par l’extrême droite est mise en avant, d’autant que le reporter a déjà été visé dans le passé par des menaces néo-nazies. C’est la deuxième fois que sa voiture est prise pour cible cette année.
La voiture, garée devant la maison du reporter à Berlin, a été retrouvée en train de brûler samedi matin. La voiture d’un politicien local, connu pour ses positions néo-nazies, a elle-aussi aussi été brûlée presque simultanément. Le photographe avait déjà été la victime du même type d’attaque en avril.
“Il est intolérable que de tels actes, clairement conçus pour intimider un journaliste qui critique les activités néo-nazies, puissent se dérouler à plusieurs reprises” souligne Astrid Frohloff, porte-parole du bureau de Reporters sans frontières en Allemagne. “Les procureurs et la police doivent redoubler d’efforts pour que justice soit faite. Il est de leur devoir de s’assurer que de tels actes ne se renouvellent pas.”
La police a affirmé que le caractère politique des attaques du week-end dernier allait faire l’objet d’une investigation par le département du bureau d’Etat des enquêtes criminelles de Berlin. Le photographe, qui a demandé à ce que son nom ne soit pas publié, a fréquemment couvert les manifestations de la droite. Il est l’un des 18 photojournalistes dont les noms et photos sont apparus dans un “avis de recherche” diffusé sur internet par des militants d’extrême-droite depuis novembre. Ces avis sont régulièrement accompagnés de commentaires et slogans menaçants tels que “presse mensongère, ferme-là”. D’après le photographe, un néo-nazi bien connu aurait pris une photo de lui dans sa voiture, deux mois environ avant la première attaque, afin que le véhicule soit clairement identifiable par les militants d’extrême-droite.
Menaces fréquentes de néo-nazis contre des journalistes
Des journalistes ont été la cible d’insultes et de menaces verbales à plusieurs reprises lors de manifestations de la droite, y compris lors de manifestations étiquetées “les Hooligans contre les Salafistes” à Cologne à la fin du mois d’octobre et à Hanovre mi-novembre. Une manifestation organisée par un parti de droite devant la maison d’un journaliste à Dortmund a été interdite par la police en décembre.
Le chef de la police et un responsable de la sécurité intérieure à Berlin ont été récemment critiqués par les représentants des journalistes et par l’opposition pour ne pas être intervenus afin de protéger des journalistes pourtant à plusieurs reprises menacés, bousculés et intimidés lors d’une série de manifestations contre les réfugiés à Berlin.
Des journaux locaux ont aussi été la cible de graffitis xénophobes ou d’extrême-droite. En septembre, les locaux de la rédaction du Lausitzer Rundschau dans le land de Brandenburg ont été taggés à deux reprises. Le journal, qui a gagné plusieurs prix pour avoir tenu tête aux néo-nazis actifs dans la région, a déjà été la cible d’attaques similaires en 2013. La rédaction du journal Nordkurier, dans le land de Mecklenburg-Vorpommern, au nord de l’Allemagne, a elle-aussi retrouvé des graffitis et des posters anti-réfugiés sur ses locaux.
Par ailleurs, des journalistes renommés enquêtant sur les activités néo-nazis, notamment Andrea Roepke et Kai Budler, ont été surveillés illégalement par les services de renseignements intérieurs du land de Basse-Saxe pendant plusieurs années. Depuis que leur surveillance a été rendue publique, les journalistes ont tenté d’avoir un accès complet aux informations les concernant.
L’Allemagne figure à le quatorzième place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières pour 2014.