Le caricaturiste politique a entamé une action en justice pour obtenir la levée de l'interdiction de ses ouvrages "Funny Malaysia" et "Perak Darul Kartun".
(RSF/IFEX) – Le caricaturiste politique Zunar a entamé une action en justice pour obtenir la levée de l’interdiction de ses ouvrages « Funny Malaysia » et « Perak Darul Kartun ». Une audience doit avoir lieu le 8 novembre 2010 à Kuala Lumpur. Zunar est déjà accusé de « sédition » pour avoir publié le recueil « Cartoon-o-phobia » en septembre, et risque jusqu’à trois ans de prison.
Reporters sans frontières souhaite que la justice malaisienne puisse, en toute indépendance, autoriser la publication de ses livres de caricatures. Dans cette affaire, un verdict en faveur du plaignant enverrait un signe fort aux autorités sur l’exigence de réformer la loi sur les publications (Printing and Publication Act) qui leur permet d’interdire un livre et d’arrêter son auteur ou son imprimeur.
Zunar, de son vrai nom Zulkiflee Anawar Ulhaque, a répondu aux questions de Reporters sans frontières. Interview exclusive : http://www.youtube.com/watch?v=VTnZZx84bnE
L’organisation appelle le gouvernement à abandonner les charges qui pèsent contre Zunar et à lui restituer les copies de « Cartoon-o-phobia », saisies au moment de son arrestation.
Interrogé par Reporters sans frontières, Zunar est revenu sur son parcours : « Je n’ai pas suivi un cursus artistique ou de dessinateur. Au contraire, j’ai fait des études scientifiques. De 1983 à 1986, je travaillais comme technicien dans un hôpital public. J’ai alors parallèlement commencé à envoyer mes dessins au magazine ‘Gila-Gila’ et en 1993, au quotidien ‘New Straits Times’. Mais ce journal me censurait fréquemment. Le facteur déclenchant pour me lancer dans la caricature politique a été l’affaire Anwar Ibrahim. Je me suis dis que je devais prendre position. En 1999, j’ai rejoint le journal d’opposition islamique ‘Harakah’ où l’on a apprécié mon travail. C’est ainsi que j’ai commencé à être connu. Plus tard, en 2002, j’ai rejoint ‘Malaysiakini’ et j’y suis toujours.
J’ai toujours aimé lire les livres politiques, ce qui n’a rien à voir avec faire de la politique. Je n’appartiens à aucun parti. A mon avis, un dessinateur politique doit se tenir informé, avoir des connaissances dans le domaine juridique, des droits de l’homme, etc. Je souhaite qu’à travers mes dessins, les gens comprennent l’actualité. J’aimerais être un pionnier et que d’autres jeunes dessinateurs suivent cette voie. Je travaille déjà avec plusieurs jeunes talentueux. »
La Malaisie occupe le 141e rang sur 178 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2010.