(RSF/IFEX) – RSF a protesté contre l’arrestation, le 4 juin 2002, de Zouhair Yahyaoui, fondateur et journaliste de « TUNeZINE.com », et contre le blocage de ce journal d’informations en ligne par les autorités. « Deux semaines à peine après le référendum sur la Constitution, dont le changement permettrait, selon la propagande officielle, une promotion des droits de […]
(RSF/IFEX) – RSF a protesté contre l’arrestation, le 4 juin 2002, de Zouhair Yahyaoui, fondateur et journaliste de « TUNeZINE.com », et contre le blocage de ce journal d’informations en ligne par les autorités. « Deux semaines à peine après le référendum sur la Constitution, dont le changement permettrait, selon la propagande officielle, une promotion des droits de l’homme dans le pays, le président Ben Ali n’a pas tardé à montrer le véritable visage de son régime : un Etat policier qui étouffe tout discours opposé au sien ! », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation, dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Hedi M’Henni. « Nous demandons la libération immédiate du journaliste et la réapparition sur la Toile tunisienne de ‘TUNeZINE.com' », a-il ajouté.
Selon les informations recueillies par RSF, Yahyaoui, fondateur et journaliste de « TUNeZINE.com », a été arrêté, le 4 juin à 19 heures (heure locale), par six policiers en civil dans le local du cybercafé de Tunis où il tenait une permanence. Les policiers n’ont présenté aucun document et n’ont donné aucun motif à son arrestation. On ignore à quel corps de police ils appartiennent. Le journaliste a ensuite été conduit à son domicile, où les policiers ont effectué une fouille de sa chambre et saisi son matériel informatique personnel.
Yahyaoui écrivait sous le pseudonyme « Ettounsi », « le Tunisien » en tunisien. Il avait fondé le site en juillet 2001 pour diffuser des informations sur la lutte en faveur de la démocratie et des libertés en Tunisie et publiait en ligne des documents de l’opposition. Il avait été l’un des premiers à diffuser la lettre dénonçant le système judiciaire du pays adressée au président de la République par le juge Makhar Yahyaoui, dont le journaliste est le neveu. Lors du référendum constitutionnel du 26 mai, « TUNeZINE.com » avait lancé un référendum sur la nature du régime tunisien : « La Tunisie est-elle une république, un royaume, un zoo ou une prison ? » Du 26 au 28 mai, le journal avait organisé une conférence sur le thème du référendum et de l’organisation de l’opposition en Tunisie, qui avait connu une très forte participation.
Le site avait été censuré par les autorités dès sa création. Mais les Tunisiens recevaient chaque semaine une liste de « proxy », ou chemins détournés, pour accéder au journal en dépit du blocage. Quelques heures après l’arrestation de son rédacteur, le site a totalement disparu du réseau Internet. Le journaliste aurait avoué à la police le protocole de mise en ligne. Les autorités tunisiennes n’ont donné à sa famille et à ses avocats aucune information sur le sort de Yahyaoui et ont déclaré ne pas avoir de traces de lui.
RSF rappelle qu’au cours des six mois écoulés un journaliste a été incarcéré, deux professionnels des médias ont été agressés, deux publications saisies et deux journaux suspendus.