(ARTICLE 19/IFEX) – Ci-dessous, une lettre d’ARTICLE 19 au président du Burkina Faso Blaise Compaore datée du 12 décembre 2005 : M. Blaise Compaore, Président du Burkina Faso Londres, le 12 Décembre 2005 Monsieur le Président, ARTICLE 19 tient tout d’abord à vous féliciter de votre réélection au poste de président du Burkina Faso suite […]
(ARTICLE 19/IFEX) – Ci-dessous, une lettre d’ARTICLE 19 au président du Burkina Faso Blaise Compaore datée du 12 décembre 2005 :
M. Blaise Compaore, Président du Burkina Faso
Londres, le 12 Décembre 2005
Monsieur le Président,
ARTICLE 19 tient tout d’abord à vous féliciter de votre réélection au poste de président du Burkina Faso suite au scrutin du 13 novembre 2005. Aidé de cette nouvelle légitimité électorale, nous espérons ainsi que vous accentuerez les efforts de ces dernières années en vue d’une plus grande promotion de la liberté d’expression.
Le Burkina Faso a ratifié, entre autres, la Charte africaine sur les droits de l’homme et des peuples en 1984 et sa constitution reconnaît dans son Article 8, « la liberté d’opinion, de presse et le droit à l’information ». Cependant, malgré la loi d’information de 1993, ces dispositions n’ont pas été jusqu’alors suffisantes. Nous vous enjoignons ainsi, au cours de ce nouveau mandat, à prendre de plus fermes dispositions afin de valoriser et de garantir dans les faits, non seulement une liberté d’informer mais aussi un accès équitable à l’information.
ARTICLE 19 est préoccupé par le fait qu’aucune disposition légale ne soit aujourd’hui en vigueur pour garantir spécifiquement un droit égal d’accès à l’information. Reconnu par des conventions internationales comme indispensable à la démocratie, le droit d’accès à l’information stipule que chacun doit avoir accès à diverses sources d’information, notamment celles d’origines gouvernementales. Nous vous invitons ainsi à mettre en oeuvre une réelle politique nationale visant à garantir ce droit, à l’image de la loi Sud africaine sur la Promotion de l’Accès l’Information ou de l’article 41 de la constitution ougandaise et sa loi récente de 2005 (l’Access to Information Act).
L’élection présidentielle du 13 novembre illustre par exemple les disparités régionales face à l’accès à l’information. En effet, les médias publics n’ont pas pris en compte les langues locales. Il convient donc de s’interroger sur la compréhension des messages électoraux et leur diffusion auprès des populations. De plus, certaines sous-régions ont été privées de matériel électoral par leur trop grand éloignement et l’état du réseau routier, rappelant ainsi l’inégalité des populations et des territoires face à la liberté d’expression et d’information.
ARTICLE 19 déplore ainsi la faiblesse du volontarisme étatique et insiste sur la nécessité d’une disposition sur l’accès à l’information. En effet, une telle garantie est indispensable au bon fonctionnement de votre gouvernement et à l’achèvement de la démocratie. Notre organisation se tient de plus à votre disposition pour guider une telle mise en place.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.
Agnès Callamard
Executive Director