La police a toujours privilégié la thèse du cambriolage, mais il existe pourtant des signes forts qui tendraient à prouver que le journaliste a été tué à cause de son travail.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières exprime son inquiétude concernant le déroulement des investigations sur l’assassinat du journaliste Bayo Ohu, rédacteur en chef adjoint du quotidien « The Guardian ». Il a été tué à son domicile dans la banlieue de Lagos le 20 septembre 2009.
« Les autorités doivent faire preuve de la plus grande transparence et n’écarter aucune piste. Il faut à tout prix éviter que cette affaire ne prenne la même tournure que celle de Paul Abayomi Ogundeji, assassiné le 17 août 2008, où la police avait conclu, après une enquête floue et quelque peu superficielle, que les assassins étaient de simples voleurs. Les autorités devraient saisir cette occasion pour montrer qu’elles sont capables de réaliser des investigations sérieuses », a déclaré l’organisation.
Récemment, la police a affirmé qu’elle avait réussi à trouver les coupables du meurtre. Elle a toujours privilégié la thèse du cambriolage. Il existe pourtant des signes forts qui tendraient à prouver que le journaliste a été tué à cause de son travail.
Bayo Ohu a été abattu, le 20 septembre 2009, vers 7 heures du matin, dans la banlieue d’Egbeda, au nord de Lagos. Le journaliste se trouvait chez lui, en compagnie de ses enfants, lorsque plusieurs inconnus ont frappé à sa porte. Alors qu’il leur ouvrait, Bayo Ohu a été criblé de balles. Son corps a été transféré à l’hôpital universitaire de l’Etat de Lagos (Lagos State University Teaching Hospital) où les médecins ont constaté la mort du journaliste.
Avant de s’enfuir dans un véhicule Toyota Camry blanc immatriculé HH 50 EKY, les meurtriers ont emporté l’ordinateur portable et le téléphone mobile de la victime. Selon un témoin, l’un des assaillants s’est écrié « The fool is dead », avant de prendre la fuite.
Le 15 mars 2010, la police a organisé un point presse et désirait, par la même occasion, montrer les suspects aux journalistes. Cependant seuls les journalistes de la chaîne gouvernementale Nigeria Television Authority, de la chaîne privée Independant Television et du journal « The Guardian », ont été invités. Les médias de l’opposition et les journalistes critiques ont été empêchés de couvrir l’événement. En outre, la police n’a apporté aucun élément réellement nouveau.
Les critiques montent donc légitimement quant à la volonté réelle des autorités de tout mettre en œuvre pour que la lumière soit faite.
Âgé de 45 ans, Bayo Ohu était marié et père de cinq enfants.