Les proches de Daphne Caruana Galizia s'étonnent, dans un communiqué, que l'annonce des interpellations ait été faite par le Premier ministre et non par la police comme ce devrait être le cas dans ce genre d'enquêtes.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 7 décembre 2017.
Au lendemain de l’arrestation à Malte de dix suspects dans l’enquête sur l’assassinat de la journaliste et blogueuse anti-corruption Daphne Caruana Galizia le 16 octobre 2017, Reporters sans frontières réitère sa demande d’enquête indépendante et approfondie pour traduire en justice les responsables de ce meurtre.
Soumis aux pressions de l’Union européenne pour faire avancer l’enquête sur l’assassinat de Daphne Caruana Galizia, le Premier ministre maltais Joseph Muscat a annoncé lundi 4 décembre l’arrestation de dix suspects dans le cadre de cette affaire. Trois hommes ont été inculpés pour meurtre mardi 4 décembre. Il s’agissait des premières interpellations dans un dossier où le gouvernement est soupçonné d’ingérence politique et accusé d’incompétence.
Les proches de Daphne Caruana Galizia s’étonnent, dans un communiqué, que l’annonce des interpellations ait été faite par le Premier ministre et non par la police comme ce devrait être le cas dans ce genre d’enquêtes. Ils dénoncent également une série de dysfonctionnements, et notamment le fait que les noms des suspects aient été rendus publics ou que le magistrat ayant émis le mandat d’arrêt ne soit pas le magistrat instructeur.
La famille se dit aussi « préoccupée par le fait qu’un certain nombre de personnes qui pourraient être impliquées » dans le meurtre « continuent de bénéficier d’une couverture politique pour des crimes auxquels elles ont pris par ». Rien ne montre à ce jour que l’enquête des autorités est menée de façon impartiale estiment les proches qui réclament une nouvelle fois une enquête indépendante sur la mort de la journaliste.
« Près de deux mois après l’assassinat de la journaliste et alors que les autorités n’ont su démontrer qu’elles menaient leurs investigations de façon impartiale, Reporters sans frontières s’associe à la demande de la famille de Daphne Caruana Galizia et réclame qu’une enquête internationale indépendante soit diligentée afin de faire toute la lumière sur les circonstances exactes de ce meurtre ignoble, » déclare Pauline Adès-Mével, responsable du bureau UE-Balkans de Reporters sans frontières (RSF).
L’assassinat de Daphne Caruana Galizia qui dévoilait régulièrement sur son blog des allégations de corruption, ciblant à la fois le gouvernement et l’opposition a fait naître des inquiétudes à Bruxelles en ce qui concerne l’Etat de droit dans le pays. Une délégation du Parlement européen chargée d’examiner la situation dans l’archipel s’est rendue en mission exploratoire à La Valette la semaine dernière, et a confirmé ses préoccupations à son retour. Des menaces de morts avaient d’ailleurs été adressées à des membres de cette délégation en amont de la visite, suscitant de sérieuses inquiétudes.
Malte occupe actuellement la 47ème place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF).