(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF : Paris, le 7 décembre 2000 ASSASSINAT DE NORBERT ZONGO : DEUX ANS APRES, LES COUPABLES SONT TOUJOURS EN LIBERTE ET RSF NE PEUT SE RENDRE AU BURKINA-FASO A l’occasion du deuxième anniversaire de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, le 13 décembre 1998, Reporters sans frontières […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF :
Paris, le 7 décembre 2000
ASSASSINAT DE NORBERT ZONGO : DEUX ANS APRES, LES COUPABLES SONT TOUJOURS EN LIBERTE ET RSF NE PEUT SE RENDRE AU BURKINA-FASO
A l’occasion du deuxième anniversaire de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, le 13 décembre 1998, Reporters sans frontières (RSF) dénonce, une fois encore, l’impunité dont bénéficient toujours les responsables de ce meurtre. Deux ans après les faits, aucun des six suspects désignés par une commission d’enquête indépendante, en mai 1999, n’a été inculpé, et François Compaoré, le frère du chef de l’Etat, largement impliqué dans cette affaire, n’a même pas été entendu par le juge d’instruction en charge de ce dossier.
Par ailleurs, le 27 novembre 2000, l’ambassade du Burkina Faso à Paris a refusé d’accorder des visas à deux représentants de RSF qui souhaitaient assister au festival pour la liberté de la presse, à Ouagadougou. L’organisation s’est indignée de ce refus et a précisé à l’ambassadeur du Burkina Faso que « cette décision montre, une fois de plus, le peu de volonté des autorités burkinabés de faire la lumière sur cette affaire. Il est inacceptable qu’une organisation non gouvernementale de défense des droits de l’homme ne puisse se rendre en toute liberté dans votre pays ».
Enfin, RSF profite de cette journée commémorative pour mener une campagne de presse dans sept journaux burkinabés et deux hebdomadaires panafricains. L’organisation désirait également acheter des espaces pour coller des affiches 4×3 m dans les rues de Ouagadougou, mais la municipalité a refusé « en raison du caractère spécifique de ces affiches ». Le visuel de cette campagne montre un gâteau d’anniversaire avec deux bougies, accompagné du message : « Les assassins du journaliste Norbert Zongo fêtent leurs deux ans d’impunité. »
Norbert Zongo était le directeur de l’hebdomadaire L’Indépendant. Il a été retrouvé mort, carbonisé dans son véhicule, en compagnie de trois de ses compagnons, le 13 décembre 1998. Cette date a été le point de départ d’une vague de contestation dans tout le pays. Plusieurs dizaines de manifestations ont eu lieu à Ouagadougou et dans les principales villes du pays, en 1999. Le 7 mai 1999, une commission d’enquête indépendante, chargée de « déterminer les causes de la mort » du journaliste Norbert Zongo, conclut, après avoir auditionné plus de deux cents personnes, que, « concernant les mobiles de ce quadruple meurtre…, il faut les chercher du côté des enquêtes menées depuis des années par le journaliste, et notamment sur ses récentes investigations concernant la mort de David Ouedraogo, le chauffeur de François Compaoré, conseiller à la présidence » et frère du chef de l’Etat. Le rapport donne également le nom de six « sérieux suspects » dans cette affaire. Tous appartiennent au Régiment de la sécurité présidentielle (RSP).
En mai 1999, le secrétaire général de RSF, Robert Ménard, avait été expulsé du pays sur l’ordre du ministre délégué à la Sécurité, Djibril Bassolé. En septembre 1999, deux représentants de l’organisation avaient été refoulés à leur arrivée à l’aéroport de Ouagadougou. Dans ces deux cas, les membres de RSF disposaient d’un visa, en cours de validité, accordé par l’ambassade du Burkina Faso en France.