(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur espagnol, Jaime Mayor Oreja, RSF s’est indignée de l’attaque perpétrée contre le siège du quotidien régional « El Correo », le 3 mars 2001, à Bilbao. « Ce journal est une nouvelle fois victime du terrorisme après l’attentat à la bombe contre son bureau de Vitoria en juillet […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur espagnol, Jaime Mayor Oreja, RSF s’est indignée de l’attaque perpétrée contre le siège du quotidien régional « El Correo », le 3 mars 2001, à Bilbao. « Ce journal est une nouvelle fois victime du terrorisme après l’attentat à la bombe contre son bureau de Vitoria en juillet 2000. Nous vous demandons de mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires pour lutter contre la banalisation de la violence envers la presse en Espagne, » a demandé Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation, au ministre. RSF a rappelé qu’environ cinquante journalistes et directeurs de publication sont sous escorte policière au Pays basque et à Madrid.
D’après les informations recueillies par RSF, une vingtaine de cocktails molotov ont été jetés contre le siège du quotidien régional basque « El Correo » à Bilbao (Nord du pays) dans la soirée du 3 mars. Cette attaque non revendiquée, qui s’est produite alors qu’une quarantaine de personnes travaillaient à l’intérieur du bâtiment, n’a pas fait de victime. Des débuts d’incendies ont pu être maîtrisés rapidement.
Le quotidien « El Correo » a déjà subi plusieurs attaques de la part de groupes indépendantistes radicaux proches de l’organisation Euskadi ta Askatasuna (ETA). Le 7 juillet 2000, une bombe avait explosé sans faire de victime devant les locaux du journal à Vitoria, provoquant des dégâts matériels (consulter l’alerte de l’IFEX du 12 juillet 2000). Le groupe de presse El Correo et ses journalistes font l’objet de nombreuses menaces depuis plusieurs années. Le directeur du journal s’est exilé à Madrid, ainsi qu’une dizaine d’autres journalistes.
RSF rappelle que les journalistes sont une cible privilégiée de la campagne de violence engagée par l’organisation indépendantiste armée ETA dans sa lutte contre l’État espagnol. Au Pays basque, comme dans le reste du pays, à Madrid ou à Barcelone, les médias et les journalistes basques qui ne partagent pas l’idéologie nationaliste radicale sont qualifiés de « traîtres » ou « d’envahisseurs espagnols » et menacés de mort. Plusieurs ont échappé de justesse à la mort, en 2000, dans des attentats à l’explosif qui les visaient personnellement. José Luis Lopez de Lacalle, journaliste au quotidien « El Mundo » au Pays basque, a été assassiné au mois de mai (consulter l’alerte de l’IFEX du 8 mai 2000). Dans les mois qui ont suivi cet assassinat, les menaces et les attentats à l’explosif contre les journalistes et les rédactions se sont multipliés. Au total, près d’une centaine de journalistes bénéficient d’une protection officielle ou privée. Une dizaine de professionnels de l’information se sont « exilés » du Pays basque vers Madrid et certains médias multiplient les mesures de sécurité, notamment en s’équipant de vitres blindées et de scanners.