(RSF/IFEX) – Le 5 février 2005, quatre journalistes ont été blessés par l’explosion d’une bombe visant le Club de la presse de Khulna (sud-ouest du pays). Deux d’entre eux sont toujours hospitalisés dont un dans un état critique. L’attentat n’a pas été revendiqué. RSF, indignée par cette nouvelle attaque commise à Khulna, demande au ministre […]
(RSF/IFEX) – Le 5 février 2005, quatre journalistes ont été blessés par l’explosion d’une bombe visant le Club de la presse de Khulna (sud-ouest du pays). Deux d’entre eux sont toujours hospitalisés dont un dans un état critique. L’attentat n’a pas été revendiqué.
RSF, indignée par cette nouvelle attaque commise à Khulna, demande au ministre de l’Intérieur, Lutfozzaman Babor, de prendre les mesures nécessaires pour punir les auteurs de ce crime et protéger les journalistes. « Aujourd’hui, votre gouvernement s’est engagé à renforcer la sécurité d’une cinquantaine de personnalités, suite à une série d’attentats. Nous vous demandons de ne pas oublier la région de Khulna où les professionnels de l’information sont constamment exposés à de fortes violences », a écrit l’organisation.
Le 5 février, vers 21h30 (heure locale), une bombe a explosé devant le Club de la presse de Khulna, blessant quatre journalistes qui sortaient du bâtiment. Placée dans un sac sur la mobylette de Sheikh Belaluddin Ahmed, correspondant du quotidien « Sangram », la bombe a explosé lorsque celui-ci s’en est approché.
Grièvement blessé, Sheikh Belaluddin Ahmed a été transféré à l’hôpital de Khulna où il a été amputé de sa main gauche et de deux doigts de sa main droite. Son oeil gauche a également été gravement touché. Les médecins lui ont transfusé 32 poches de sang. Le 6 février, il a été transféré dans l’unité de soins intensifs d’un hôpital de Dacca et placé sous assistance respiratoire. Les médecins ont déclaré qu’il se trouvait dans un « état critique ».
Les trois autres victimes sont Sheikh Abu Hasan, correspondant du quotidien « Prothom Alo » et président du Club de la presse de Khulna, Sheikh Jahid Hossain, photographe pour le quotidien « Jugantor », et Tutul Ahmed, reporter du quotidien « Loksomaj », publié à Jessore (sud-ouest du pays). Les trois journalistes ont été soignés dans une clinique de Khulna. Sheikh Jahid Hossain est toujours dans un état grave, les deux autres sont sortis de la clinique.
La puissance de la déflagration a fait exploser plusieurs vitres et abîmé certains des équipements du Club de la presse. Les pompiers ont mis 20 minutes à éteindre l’incendie provoqué par l’explosion.
D’après les déclarations de la police de Khulna qui soupçonne des militants armés maoïstes, la bombe aurait été commandée à distance. Deux suspects, Hoby Sheikh et Khokon, ont été arrêtés pour être interrogés.
Depuis l’assassinat le 27 juin 2004 du journaliste Humayun Kabir Balu, une patrouille de police était affectée au Club de la presse de Khulna (consulter des alertes de l’IFEX du 28 juin 2004). En outre, lors de sa visite dans les locaux du club, le 29 janvier dernier, le nouveau commissaire de police de la région avait promis d’assurer la sécurité des journalistes chaque jour jusqu’à 22h00. Pourtant, le soir de l’explosion, aucun agent n’était présent sur les lieux.
Selon le quotidien « Daily Star », 250 policiers ont été déployés pour assurer la sécurité du Club de la presse et des bureaux des journaux locaux.
Choqués par cette attentat, les journalistes de Khulna ont décidé d’organiser une marche de soutien et un black-out de l’information. Le 6 février, aucun journal local n’est paru.
Le 4 janvier dernier, Dip Azad, correspondant du quotidien national « Jugantor » à Khulna, avait miraculeusement échappé à une tentative d’assassinat (consulter l’alerte du 5 janvier 2005). Des inconnus avaient lancé sur lui une bombe artisanale qui n’avait pas explosé. Aujourd’hui à Dacca, il a déclaré à RSF : « Il n’est plus possible de travailler à Khulna. Plusieurs journalistes songent à arrêter le journalisme sous la pression de leur famille ».
RSF rappelle que trois journalistes ont été assassinés en 2004 dans cette région.