(RSF/IFEX) – RSF s’inquiète une nouvelle fois des conditions dans lesquelles travaillent les journalistes au Bangladesh, après qu’au moins cinq d’entre eux ont été menacés de mort, entre le 6 et le12 mars 2005, dans le sud du pays. RSF a adressé une lettre au ministre de l’Intérieur, Lutfozzaman Babor, pour lui demander de veiller […]
(RSF/IFEX) – RSF s’inquiète une nouvelle fois des conditions dans lesquelles travaillent les journalistes au Bangladesh, après qu’au moins cinq d’entre eux ont été menacés de mort, entre le 6 et le12 mars 2005, dans le sud du pays.
RSF a adressé une lettre au ministre de l’Intérieur, Lutfozzaman Babor, pour lui demander de veiller à la sécurité des professionnels de l’information. « Les journalistes ne peuvent travailler correctement s’ils sont en permanence exposés à des représailles de la part de criminels et même de militants de partis politiques. Il est urgent de mettre fin à ces menaces en punissant leurs auteurs », a ajouté l’organisation.
Trois journalistes menacés par le parti Jamaat-e-Islami
Le 12 mars, Shumi Khan, correspondante à Chittagong (Sud-Est) de l’hebdomadaire « Shaptahik 2000 », a reçu une lettre dans laquelle était indiqué : « Si tu écris quoi que ce soit sur le Jamaat-e-Islami à Satkania [banlieue de Chittagong], on te tuera ». Le parti fondamentaliste Jamaat-e-Islami fait partie de la coalition au pouvoir, aux côtés notamment du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP).
Dans l’édition du 25 février de « Shaptahik 2000 », le plus célèbre hebdomadaire de Dacca, Khan avait publié un reportage sur l’implication dans des activités criminelles et terroristes de Shahjahan Chowdhury, un parlementaire membre du parti Jamaat-e-Islami.
Déjà victime d’une agression au couteau en avril 2004, la journaliste d’investigation prend la menace de mort très au sérieux et a déclaré à RSF « se sentir en danger et ne pas savoir quoi faire » (consulter une alerte de l’IFEX du 30 avril 2004). Le directeur de publication de « Shaptahik 2000 » a indiqué que la rédaction avait reçu plusieurs menaces par téléphone au cours des derniers jours. « Le Jamaat-e-Islami nous reproche de diffuser de fausses informations pour privilégier d’autres partis, mais c’est faux. (. . .) Chaque fois que nous avons été menacés, nous avons demandé au gouvernement de faire quelque chose, mais cela n’a jamais rien donné. »
Le 10 mars, toujours à Chittagong, Shamaresh Baidya, correspondant du quotidien « Bhorer Kagoj », et Jubayer Siddiqui, correspondant du quotidien « Ajker Surjodoy », ont reçu la même menace de la part du parti Jamaat-e-Islami.
Quatre jours plus tôt, au cours d’un meeting, le chef du Jamaat-e-Islami à Satkania, Nurul Haque, a menacé de manière très virulente les journalistes qui écrivent sur son parti.
Deux autres journalistes inquiétés par des criminels
Le 12 mars, à Mirershorai (banlieue de Chittagong), le correspondant du quotidien « Sangbad », Salek Nasir Uddin, a été menacé de mort par Sultan Salah Uddin, un leader de la Jubodal, mouvement proche du BNP. Le journaliste avait cité le nom de ce dernier dans une liste de criminels publiée par son journal. Dans le quotidien « Prothom Alo », Sultan Salah Uddin a nié être l’auteur d’une quelconque menace.
Enfin, le 6 mars, Zillur Rahman Jalil, correspondant du quotidien « Janakantha » à Patuakhali (sud du pays), a reçu une lettre anonyme précisant : « Des journalistes à Khulna et Jessore ont été tués. Prépare-toi, ton tour viendra. »