La Première ministre Sheikh Hasina, ainsi que les dirigeants des partis de la Ligue Awami et du BNP, devraient condamner la violence politique et appeler leurs partisans à respecter le droit de tous les Bangladais de se rassembler en toute sécurité et pacifiquement et de se présenter aux élections sans crainte, a déclaré Human Rights Watch.
Cet article a été initialement publié sur hrw.org le 10 octobre 2022.
Les arrestations de masse et descentes de police suscitent des inquiétudes quant à la répression et au risque de violences électorales
Les groupes d’opposition ont signalé une escalade de la répression par les autorités du Bangladesh et d’attaques par des partisans du parti au pouvoir alors que le pays commence à se préparer pour les élections nationales de 2023, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les autorités du Bangladesh devraient respecter l’état de droit et protéger le droit des partisans de l’opposition politique à la liberté d’association et de réunion pacifique.
Les arrestations massives et les descentes de police au domicile des membres des partis d’opposition suscitent de vives inquiétudes quant à la violence et à l’intimidation avant les prochaines élections législatives. Les campagnes électorales au Bangladesh s’accompagnent souvent de violences ; en outre, les autorités n’ont pas mené d’enquête efficace sur les agissements de militants du parti au pouvoir, la Ligue Awami, ni poursuivi ceux qui ont agressé des participants à des rassemblements publics de l’opposition.
« La Première ministre Sheikh Hasina a déclaré à plusieurs reprises que le Bangladesh est une démocratie mature capable de mener des élections et une transition pacifique du pouvoir, mais au lieu de cela, les scrutins précédents ont été marqués par la violence, les attaques contre l’opposition et l’intimidation des électeurs », a déclaré Meenakshi Ganguly, Directrice pour l’Asie du Sud à Human Rights Watch. « Ces récents cas d’attaques politiques et d’arrestations ont donné un ton inquiétant aux prochaines élections législatives. »
Au moins quatre personnes seraient mortes et des centaines auraient été blessées lors d’affrontements entre la police, des partisans du Parti nationaliste du Bangladesh (Bangladesh Nationalist Party, BNP) et des partisans de la Ligue Awami, depuis le 22 août 2022, lorsque le BNP a organisé une série de manifestations contre le carburant et hausses des prix des matières premières. Des informations inquiétantes font état de l’assassinat de militants du BNP lors d’autres affrontements récents. Chaque partie a accusé l’autre d’être à l’origine de la violence. Cependant, alors que la police a procédé à des arrestations massives de partisans de l’opposition, ceux qui sont affiliés au parti au pouvoir semblent bénéficier de l’impunité pour les attaques violentes.
La Première ministre Sheikh Hasina, ainsi que les dirigeants des partis de la Ligue Awami et du BNP, devraient condamner la violence politique et appeler leurs partisans à respecter le droit de tous les Bangladais de se rassembler en toute sécurité et pacifiquement et de se présenter aux élections sans crainte, a déclaré Human Rights Watch.
Le droit international relatif aux droits humains appelle les autorités à respecter la liberté d’expression et de réunion pacifique. Le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, qui interprète le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, a émis au sujet du droit de réunion pacifique son Observation générale n° 37. Ce texte indique que les États ont l’obligation « de respecter et de garantir » le droit de réunion pacifique sans discrimination, et de permettre à ces rassemblements « d’avoir lieu sans ingérence injustifiée ». Dans le cas d’une réunion susceptible de « provoquer une réaction hostile du public contre les participants », l’État a généralement le devoir de permettre le déroulement du rassemblement et de protéger les participants.