RSF dénonce un verrouillage médiatique qui n'a d'autre objectif que de réduire au silence les voix critiques et indépendantes.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 29 mars 2019.
Le Conseil national de la Communication (CNC) du Burundi a ordonné le retrait d’exploitation de la radio BBC et a prolongé la suspension de Voice of America (VOA) jusqu’à nouvel ordre. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un verrouillage médiatique qui n’a d’autre objectif que de réduire au silence les voix critiques et indépendantes.
Dans un communiqué publié ce vendredi 29 mars, le Conseil National de la Communication (CNC) du Burundi a décidé du retrait avec effet immédiat de la licence d’exploitation de la radio BBC. Le CNC a qualifié de « montage mensonger, calomnieux et accablant » un documentaire produit en décembre dernier par la radio et révélant l’usage de la torture par des agents de renseignement dans des centres de détention secrets.
L’organe de régulation des médias a également ordonné la prolongation de la suspension des émissions de la radio Voice of America (VOA), reprochant à la rédaction « de maintenir dans son personnel une personne recherchée par un mandat d’arrêt international émis par la justice burundaise ». Il est également interdit à toute personne sur le sol burundais de communiquer « directement ou indirectement des informations pouvant être diffusées » par ces radios. Les deux médias avaient déjà été suspendus six mois en mai dernier pour « manquement à la déontologie » à quelques jours de l’adoption d’un référendum constitutionnel permettant au président de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034.
« Cette décision complètement arbitraire du CNC est la signature d’un verrouillage médiatique qui se poursuit et qui n’a d’autre but que de réduire au silence les rares médias qui osent encore critiquer le régime burundais, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. En sanctionnant deux médias internationaux de référence dont les programmes en langue nationale sont très suivis, le régime envoie aussi un message d’avertissement à l’ensemble des journalistes burundais, déjà largement contraints à l’autocensure, alors que se profile l’élection présidentielle l’année prochaine. »
Le Burundi occupe la 159ème place sur 180 dans le Classement mondial 2018 de la liberté de la presse de RSF.