Après avoir été condamné à 10 ans de prison en première instance, la peine d'Ahmed Abba, correspondant de Radio France Internationale (RFI) en langue haussa au Cameroun, été réduite en appel à 24 mois d'emprisonnement.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 21 décembre 2017.
La Cour d’appel militaire de Yaoundé a réduit ce matin la peine d’Ahmed Abba, correspondant de Radio France Internationale (RFI) en langue haoussa au Cameroun à 24 mois de prison. Le journaliste est donc libérable, puisque cette condamnation couvre largement sa période de détention qui dure depuis 29 mois. Il devra néanmoins payer – pour recouvrer la liberté – des frais de justice de près de 55 millions de francs, soit 83 000 euros.
Arrêté le 30 juillet 2015 à Maroua, dans l’Extrême-Nord du pays où il effectuait un reportage sur Boko Haram, détenu au secret pendant près de trois mois, torturé par les services de renseignement et menacé de peine de mort par un tribunal militaire, le journaliste avait, en avril dernier, été condamné en première instance à 10 ans d’emprisonnement et à une amende de 85 000 euros pour « non-dénonciation d’actes de terrorisme » et « blanchiment du produit d’un acte terroriste ». A l’issue de son procès en appel, le tribunal militaire l’a acquitté de ce dernier chef d’accusation mais Abbed Abba reste condamné pour « non-dénonciation d’actes de terrorisme ».
« Rien ne pourra compenser ces années perdues en prison mais nous sommes soulagés de savoir qu’Ahmed Abba pourra bientôt rejoindre les siens, déclare Clea Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. Cela reste un verdict en demi-teinte dans la mesure où le journaliste n’est pas acquitté de l’ensemble des charges qui pesaient contre lui et doit encore régler des frais de justice exorbitants. Nous maintenons qu’il n’aurait jamais dû être emprisonné. »
RSF n’a eu de cesse depuis deux ans de réclamer la libération d’Ahmed Abba et de dénoncer l’opacité de la procédure judiciaire. Dans son dernier communiqué publié avec le Comité de soutien du journaliste, l’organisation pointait du doigt la « cabale judiciaire » menée contre lui et avait réclamé à nouveau sa libération.
Le Cameroun occupe la 130e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2017.