(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF : Carmen Gurruchaga (Espagne) lauréate du prix Reporters sans frontières – Fondation de France 2000 Le prix Reporters sans frontières – Fondation de France 2000 est décerné à la journaliste basque espagnole Carmen Gurruchaga du quotidien El Mundo. Journaliste pour l’édition « Pays basque » de El Mundo, […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF :
Carmen Gurruchaga (Espagne) lauréate du prix Reporters sans frontières – Fondation de France 2000
Le prix Reporters sans frontières – Fondation de France 2000 est décerné à la journaliste basque espagnole Carmen Gurruchaga du quotidien El Mundo. Journaliste pour l’édition « Pays basque » de El Mundo, elle a été victime à plusieurs reprises de la violence terroriste de l’ETA. Menacée de mort, elle a décidé de s’installer à Madrid, où elle continue aujourd’hui à travailler pour El Mundo, mais sous protection policière, comme une cinquantaine d’autres confrères espagnols. Malgré l’exil, Carmen Gurruchaga reste un symbole de la résistance à la terreur de l’ETA.
Ce prix a été remis le :
Vendredi 27 octobre 2000 à 11 heures 30
à l’Espace Electra – 6, rue Récamier – 75007 Paris
(M° Sèvres-Babylone)
Carmen Gurruchaga a consacré sa vie au journalisme, à la lutte pour la vérité et pour le droit d’informer. Née en 1955 à San Sebastian, au Pays basque espagnol, elle a travaillé pour le quotidien Unidad de San Sebastian, puis pour le quotidien Diario 16, avant de rejoindre l’équipe de l’édition « Pays basque » de El Mundo. La journaliste a été à plusieurs reprises la cible de l’ETA. Le 22 décembre 1997, une bombe explose devant son domicile, où elle vit seule avec ses deux fils. Menacée de mort, comme tous les membres de la rédaction du journal, elle décide alors de partir pour Madrid. En 1999, son rédacteur en chef fait le même choix. Le nom de Carmen Gurruchaga figure toujours sur les « listes noires » de l’ETA. Aujourd’hui, exilée de sa ville natale, elle continue à travailler pour El Mundo, mais elle est constamment sous protection policière. Le 22 octobre 2000, un colis piégé est envoyé au doyen du barreau de San Sebastian, José Maria Muguruza. L’explosif était placé à l’intérieur d’un exemplaire du livre publié cette année par Carmen Gurruchaga et la journaliste Isabel San Sebastián, « El arbol y las nueces » (L’arbre et les noix), qui traite des relations entre le Parti nationaliste basque et l’ETA.
Il est actuellement très difficile et très dangereux pour un journaliste d’exercer librement son métier dans le Pays basque espagnol. Treize attaques graves y ont été perpétrées contre des journalistes depuis 1997. Depuis le début de l’année 2000, une campagne de violence croissante a été lancée, par l’ETA, à l’égard des médias et des journalistes. Une série d’attentats contre les sièges de journaux comme El Correo ou El Diaro Vasco, et contre des journalistes tels que Carlos Herrera, journaliste pour la Radio nationale espagnole, culmine le 7 mai 2000 par l’assassinat de José Luis Lopez de Lacalle, journaliste pour l’édition « Pays Basque » de El Mundo. Une cinquantaine de journalistes et éditeurs bénéficient actuellement d’une escorte policière au Pays basque et à Madrid. Une centaine de journalistes sont sous protection officielle ou privée et une dizaine de professionnels de la presse se sont exilés du Pays basque. Plusieurs médias, dont El Mundo, ont dû prendre des mesures de sécurité.
Le prix Reporters sans frontières – Fondation de France, doté de 50 000 francs, récompense, depuis 1992, un journaliste qui, par son activité professionnelle, ses prises de position ou son attitude, a su témoigner de son attachement à la liberté de la presse. Il a été décerné :
– en 1992, à Zlatko Dizdarevic, du quotidien de Sarajevo Oslobodenje,
– en 1993, à Wang Juntao (Chine), journaliste à L’Hebdomadaire économique,
– en 1994, à André Sibomana (Rwanda), directeur du magazine Kinyamateka,
– en 1995, à Chris Anyanwu (Nigeria), rédactrice en chef du journal Sunday Magazine,
– en 1996, à Isik Yurtçu (Turquie), directeur de la rédaction du quotidien prokurde Ozgür Gündem,
– en 1997, à Raúl Rivero (Cuba), fondateur de l’agence de presse Cuba Press,
– en 1998, à Nizar Nayyouf (Syrie), rédacteur en chef de La Voix de la Démocratie,
– en 1999 à la journaliste et romancière San San Nweh (Birmanie).
Cette année, quatre autres journalistes avaient été retenus par le jury : Ignacio Gomez, responsable de la section « enquêtes » du quotidien El Espectator (Colombie) ; Reza Alijani, ancien rédacteur en chef du mensuel réformateur Iran Farda (Iran) ; M’Baya Tshimanga, ancien journaliste et fondateur de l’association « Journaliste en danger » (République démocratique du Congo) ; Miroslav Filipovic, correspondant du quotidien indépendant serbe Danas et collaborateur de l’Agence France-Presse (République fédérale de Yougoslavie).