(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières condamne la décision de la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), prise le 17 avril 2009, de suspendre jusqu’à nouvel ordre les émissions interactives dans les médias audiovisuels. « Cette décision est dangereuse et s’apparente fort à un musellement des médias par les autorités en cette période d’instabilité […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières condamne la décision de la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), prise le 17 avril 2009, de suspendre jusqu’à nouvel ordre les émissions interactives dans les médias audiovisuels.
« Cette décision est dangereuse et s’apparente fort à un musellement des médias par les autorités en cette période d’instabilité politique. Si la libre antenne donne lieu à des dérapages, un organe de régulation devrait encourager des efforts de modération plutôt que d’interdire purement et simplement les émissions. Nous demandons à la HAAC de laisser les médias togolais reprendre le cours normal de leurs programmes », a déclaré l’organisation.
Le 17 avril, la HAAC a décidé de suspendre toute émission interactive « jusqu’à nouvel ordre sur toutes les radios et télévisions ». Selon le communiqué de l’organe de régulation des médias, cette décision vise à « éviter des dérapages ». La HAAC, qui « interpelle la presse nationale et l’appelle à plus de retenue et de discernement dans le traitement des informations », ajoute que « l’inobservation de cette présente mesure expose les contrevenants à des sanctions disciplinaires ».
Cette mesure fait suite à des opinions exprimées dans les médias par des citoyens togolais après les événements qui se sont produits la semaine dernière à Lomé. Le 15 avril, Kpatcha Gnassingbé, député, ancien ministre de la Défense et frère du président Faure Gnassingbé, a été arrêté par les autorités togolaises. Lors de la perquisition de son domicile, tout un arsenal de guerre, comprenant notamment des fusils à lunette et des téléphones satellitaires, a été découvert. Une vingtaine d’officiers de l’armée, ainsi qu’un autre frère du chef de l’Etat, Essolizam Gnassingbé, ont également été interpellés. Le 17 avril, lors d’une allocution à la télévision nationale, le président Faure Gnassingbé a dénoncé une tentative de « déstabilisation des institutions républicaines » et de « coup d’Etat ».
Les médias ont immédiatement couvert l’affaire. Au cours d’émissions diffusées en direct, plusieurs citoyens togolais ont eu l’occasion de critiquer cette « bataille fratricide pour le trône ».
La famille Gnassingbé est au pouvoir depuis 42 ans au Togo. D’abord imposé par les généraux, puis élu lors d’une élection contestée et marquée par des violences, le président Faure Gnassingbé a succédé à son père en 2005.