(RSF/IFEX) – RSF exprime son indignation après deux interventions abusives des autorités russes visant à censurer ou à faire pression sur des médias étrangers suite à leur couverture de la guerre en Tchétchénie et des « opérations antiterroristes ». « En quelques semaines, la Russie a purement et simplement sombré dans la censure. La Douma a adopté une […]
(RSF/IFEX) – RSF exprime son indignation après deux interventions abusives des autorités russes visant à censurer ou à faire pression sur des médias étrangers suite à leur couverture de la guerre en Tchétchénie et des « opérations antiterroristes ».
« En quelques semaines, la Russie a purement et simplement sombré dans la censure. La Douma a adopté une loi antiterroriste qui permet de poursuivre n’importe quel journaliste qui aborde la question tchétchène. Plusieurs médias ont été sanctionnés pour leur couverture de la prise d’otages dans un théâtre de Moscou et les autorités se permettent de tancer ou de censurer des médias étrangers qui couvrent la guerre en Tchétchénie », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF, dans un courrier adressé à Vladimir Poutine, président de la fédération de Russie. « Nous vous demandons d’opposer votre veto aux amendements de la loi antiterroriste et de mettre fin aux pressions exercées sur les médias, russes comme étrangers, qui couvrent tout ce qui a trait à la Tchétchénie », a-t-il ajouté.
Le 20 novembre 2002, dans un aéroport en Ingouchie, les forces de sécurité russes ont saisi les images que Hans-Wilhelm Steinfeld, correspondant à Moscou pour la télévision publique norvégienne NRK, venait de tourner sur le sort des réfugiés tchétchènes. Le journaliste a pu récupérer ses quatre cassettes mais deux d’entre elles ont été partiellement effacées.
Le 13 novembre, l’ambassade de Russie en Allemagne a adressé un courrier à Fritz Pleitgen, président de la chaîne de télévision publique allemande ARD, dans lequel les autorités russes jugeaient le traitement de la prise d’otages par les médias allemands, « mais en particulier par la première chaîne de télévision allemande, choquant, totalement intolérable et condamnable pour une institution publique ». « Le montage partial » et « le choix des mots révoltants » des reportages ont pu permettre de douter de la volonté de Moscou de parvenir à une solution politique dans le conflit tchétchène, poursuivait la lettre, avant de remettre en question la collaboration des autorités russes avec l’ARD.
RSF rappelle que, le 13 novembre, la Douma a adopté en troisième lecture un amendement à la loi antiterroriste qui restreint considérablement la liberté des médias dans le pays (consulter des alertes de l’IFEX des 14 et 4 novembre et 28 octobre 2002). Il prévoit d’interdire aux médias de diffuser des informations « empêchant la conduite d’une opération antiterroriste », ou visant à « faire la propagande de l’opposition à une telle opération ou à justifier cette opposition ». Sa formulation floue autorise le pouvoir à poursuivre n’importe quel journaliste ou média qui traitera de terrorisme ou de la Tchétchénie.