(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce le chantage exercé par le président de la Commission des médias et de l’information (MIC), Tafataona Mahoso, contre les journalistes de l’hebdomadaire privé « Zimbabwe Independent », refusant de leur délivrer des permis de travail tant que le journal ne publierait pas le démenti d’un article mettant en cause son indépendance. […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce le chantage exercé par le président de la Commission des médias et de l’information (MIC), Tafataona Mahoso, contre les journalistes de l’hebdomadaire privé « Zimbabwe Independent », refusant de leur délivrer des permis de travail tant que le journal ne publierait pas le démenti d’un article mettant en cause son indépendance.
Par ailleurs, l’organisation exprime sa révolte devant l’attitude toujours plus agressive du gouvernement du Zimbabwe, après que le ministre de la Sécurité nationale a menacé d’arrestation les journalistes travaillant pour des médias étrangers.
« Personnellement mis en cause par l’un des membres de la MIC, Tafataona Mahoso est décidé à faire taire tous ceux qui se font l’écho de ce fait pourtant bien réel, en s’appuyant au besoin sur des pratiques de chantage. La commission qu’il préside, dont la soumission aux autorités était notoire, fonctionne désormais comme une arme au service d’un homme. Cet épisode devrait achever de convaincre la communauté internationale que la MIC est un outil purement politique entre les mains d’un gouvernement agressif », a déclaré Reporters sans frontières.
Les quinze journalistes du « Zimbabwe Independent » ont été refoulés du siège de la MIC, le 27 janvier 2006, alors qu’ils avaient été convoqués pour retirer leur accréditation. En vertu de la loi draconienne régissant le journalisme au Zimbabwe, l’Access to Information and Protection of Privacy Act (AIPPA), seuls les journalistes accrédités par la MIC sont autorisés à travailler dans le pays et leurs permis sont réexaminés chaque année. En guise d’explication, le président de la MIC, Tafataona Mahoso, a expliqué aux journalistes qu’ils n’avaient « qu’à demander à Raphael Khumalo », le directeur du journal. Selon des responsables de la MIC, Tafataona Mahoso aurait exigé de Raphael Khumalo, lors d’un entretien dans son bureau en présence du rédacteur en chef en exercice, Joram Nyathi, la publication d’un démenti d’un article paru l’année dernière.
Fin novembre 2004, le « Zimbabwe Independent » ainsi que l’essentiel de la presse indépendante zimbabwéenne avaient décrit comment la MIC, après avoir accepté d’accorder une licence au propriétaire du « Daily News », avait finalement cédé aux pressions de la Central Intelligence Organisation (CIO, services de renseignements) pour revenir sur sa décision. Les informations publiées s’appuyaient sur une déclaration écrite de l’un des membres de la MIC, Jonathan Maphenduka, qui avait démissionné en août 2004 en signe de protestation. Mi-janvier 2006, Tafataona Mahoso avait menacé la direction de l’hebdomadaire indépendant « Financial Gazette » (« FinGaz ») de ne pas renouveler sa licence de publication si un démenti similaire n’était pas publié. Après avoir refusé dans un premier temps, « FinGaz » a fini par obtempérer dans son édition de la semaine du 23 au 29 janvier.
En outre, selon des propos reproduits le 27 janvier par l’hebdomadaire gouvernemental « Manica Post », publié à Mutare (Est), le ministre de la Sécurité nationale, Didymus Mutasa, qui supervise les activités de la CIO, a prévenu les journalistes que le « filet allait bientôt se refermer ». Il a expliqué que certains, utilisant des pseudonymes, travaillaient pour des médias étrangers, mais que le gouvernement avait repéré « leurs cachettes ». Il les a accusés d’être « conduits par l’amour du dollar américain et de la livre britannique qu’ils reçoivent des médias étrangers pour répandre des mensonges ».