(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de RSF : Cinq ans après la disparition du cameraman Dmitri Zavadski, Reporters sans frontières et la BAJ dénoncent l’immobilisme des autorités « Nous dénonçons le silence et l’immobilisme des autorités dans cette affaire. Nous demandons que des experts internationaux puissent participer à l’enquête en cours, afin de poursuivre les recherches […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de RSF :
Cinq ans après la disparition du cameraman Dmitri Zavadski, Reporters sans frontières et la BAJ dénoncent l’immobilisme des autorités
« Nous dénonçons le silence et l’immobilisme des autorités dans cette affaire. Nous demandons que des experts internationaux puissent participer à l’enquête en cours, afin de poursuivre les recherches qui ont été interrompues pendant un an et pour parvenir enfin à identifier les responsables de cet enlèvement. Nous rappelons que le rapporteur spécial du Conseil de l’Europe, Christos Pourgouridès, a fait état de soupçons très graves sur l’implication des autorités dans la disparition du journaliste et sur leur volonté de dissimuler la vérité sur cette affaire. Par ailleurs, nous estimons que la famille est enfin en droit de savoir quelles démarches ont été réellement entreprises depuis cinq ans », ont déclaré Reporters sans frontières et l’Association des journalistes bélarusses (BAJ).
Dmitri Zavadski a disparu le 7 juillet 2000, à l’aéroport « Minsk 2 », alors qu’il s’y était rendu pour accueillir son collègue Pavel Sharamiet. Son corps n’a jamais été retrouvé. Ancien cameraman personnel du président Alexandre Loukachenko, Dmitri Zavadski avait quitté la télévision d’Etat en 1996, pour travailler avec la chaîne russe ORT.
Depuis le début des investigations, l’enquête sur la disparition de Dmitri Zavadski a été close à deux reprises par les autorités. Le 7 avril 2005, Ivan Branchel, responsable du bureau du procureur, a annoncé la reprise de l’enquête qui avait été fermée le 31 mars 2004. Le parquet général avait également interrompu l’enquête le 27 février 2003, avant de la rouvrir le 10 décembre de la même année, en invoquant la « nécessité de poursuivre les recherches ».
« Il ne fait pas de doute que la décision des autorités de rouvrir l’enquête il y a trois mois, vise à contrecarrer les critiques de la communauté internationale à leur encontre. Cette décision a été annoncée le 7 avril 2005, c¹est-à-dire la veille de la déclaration de la commission des droits de l’homme de l’ONU qui a adopté une résolution sur les violations des droits de l’homme au Bélarus », a déclaré Svetlana Zavadskaya, l’épouse du journaliste disparu, à Reporters sans frontières.
La famille n’a jamais été véritablement associée ou informée au cours de l’enquête. Elle ignore toujours si les deux membres des services spéciaux du ministère de l’Intérieur, condamnés pour enlèvement par la Cour suprême en 2002, ont reconnu leur culpabilité et fourni des informations sur le sort subi par le journaliste après son kidnapping, et sur le lieu où son corps serait enterré. La famille ignore également si les complices de l’enlèvement dont les noms ont été évoqués au cours du procès, ont pu être entendus par les enquêteurs et s’ils ont fourni des informations.
« J’attends maintenant que les enquêteurs m’informent des nouvelles démarches qu’ils comptent mener », a déclaré Olga Zavadskaya, la mère du cameraman disparu, à Reporters sans frontières.
Le 16 juillet 2002, la Cour suprême du Bélarus a condamné à la prison à vie Valeri Ignatovitch, ancien chef des unités spéciales du ministère de l’Intérieur, et l’un de ses subordonnés, Maxim Malik, pour l’enlèvement et la disparition du jeune cameraman et pour le meurtre de cinq autres personnes. Selon la version défendue par les autorités, Valeri Ignatovitch aurait décidé de se venger du cameraman parce qu’il se sentait visé par les propos du journaliste qui avait affirmé, dans une interview accordée en 2000 au quotidien Belorusskaya Delovaya Gazeta, avoir rencontré des Bélarusses combattant aux côtés des indépendantistes en Tchétchénie. Le procès n’a pas permis de déterminer les circonstances exactes de l’enlèvement du journaliste, ni d’identifier ses commanditaires.
Le 27 janvier 2004, le rapporteur spécial du Conseil de l’Europe, Christos Pourgouridès, a fait état de sérieux soupçons pesant sur l’implication de trois officiels dans quatre disparitions, dont celle de Dmitri Zavadski, affirmant que « des actions ont été menées au plus haut niveau de l’Etat dans le but de dissimuler activement la vérité sur les circonstances des disparitions ».
Le 28 avril, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a adopté une résolution demandant aux autorités du Bélarus l’ouverture d’une enquête indépendante sur la disparition de quatre opposants, dont le journaliste Dmitri Zavadski, ainsi que le limogeage du procureur général, Viktor Sheyman, accusé d’avoir orchestré ces disparitions. La résolution 1371 demande également la mise en examen de ce dernier, responsable du Conseil pour la sécurité nationale au moment des faits, de Iouri Sivakov, ministre de l’Intérieur de l’époque, et de Dmitri Pavlichenko, commandant d’une unité spéciale de la police, afin d’enquêter sur leur implication dans ces disparitions. Elle demande enfin que soient examinées les responsabilités de plusieurs hauts fonctionnaires dans les entraves au bon déroulement de la justice, visant à protéger les véritables responsables de ces crimes.