"Les snipers tiraient directement sur moi. J’ai été atteint au pied et à la jambe. On tirait tout le temps sur moi", raconte Sinan Gül.
(RSF/IFEX) – Le 1er août 2012 – Cinq journalistes turcs – trois employés de l’agence de presse Anadolu et deux autres travaillant pour la chaîne satellitaire Al-Jazeera – ont été blessés, le lundi 30 juillet 2012, à Alep (Nord), alors qu’ils couvraient les affrontements qui déchirent la ville. Les premiers ont été visés par des tirs de sniper tandis que les deux autres ont été blessés par les éclats d’un obus tombé à proximité du lieu où ils se trouvaient.
« Nouveau front de la guerre en Syrie, Alep est aussi devenue un nouveau théâtre de graves violences et d’attaques contre les hommes de médias. Ces évènements récents viennent s’ajouter à la longue liste des exactions commises contre les professionnels des médias depuis le début de l’insurrection en Syrie. Ils font craindre le pire pour la presse actuellement présente dans le nord du pays », a déclaré l’organisation.
“Depuis plus d’un an, les foyers de combats se déplacent dans le pays, mais une caractéristique demeure : la presse est durement exposée et personne ne semble déterminer à la protéger. La sécurité des émetteurs d’information, journalistes, correspondants ainsi que de leurs équipes, syriennes ou étrangères, doit être garantie, non seulement par l’armée syrienne, mais également par l’Armée syrienne libre”, a ajouté Reporters sans frontières.
Alors qu’il couvrait les bombardements de l’armée de l’air syrienne dans le quartier de Salahedinne, à Alep, le photoreporter turc Sinan Gül a été sérieusement blessé aux jambes par des tirs de sniper.
Le reporter Samet Dogan et le caméraman Kenan Yesilyurt, qui étaient avec lui et travaillent également pour l’agence Anadolu, ont eux aussi été blessés. Le 31 juillet, ils ont réussi à se mettre en lieu sûr.
Sinan Gül raconte : « Nous nous sommes rendus dans cette région pour couvrir les opérations militaires. Lorsque les snipers ont commencé à tirer sur nous, il ne restait plus de soldats opposants à nos côtés. Lorsque ces derniers se sont mis à avancer, j’ai cru que le quartier était sûr, mais j’ai quand même demandé à Kenan de ne pas bouger. Ensuite, j’ai traversé la rue pour me protéger en me positionnant derrière une voiture. A ce moment-là, j’ai fait l’objet de tirs intenses. Les snipers tiraient directement sur moi. J’ai été atteint au pied et à la jambe. On tirait tout le temps sur moi. Comme la voiture me protégeait, je n’ai pas été atteint à la tête, mais je perdais beaucoup de sang. »
Le journaliste a été conduit à l’hôpital Sifa d’Alep avant d’être transféré à l’hôpital d’Etat Sehit Kamil à Gaziantep (sud-est de la Turquie), où la balle qui a atteint sa jambe droite a été retirée. Le patient a ensuite été transféré, le 31 juillet en fin d’après-midi, au Medikal Park Bahçelievler Hastanesi d’Istanbul, où il doit subir une greffe des tissus.
Les deux autres journalistes blessés, le correspondant d’Al-Jazeera Amr Khachram et son caméraman Hakan Bayginer, sont actuellement soignés dans un hôpital turc près de la frontière syrienne. Un obus a explosé à proximité de l’endroit où ils s’entretenaient avec des rebelles. Leur état de santé est stable, d’après le rapport des médecins, et les deux hommes devraient quitter l’hôpital dans les prochains jours.
Deux photographes néerlandais et britannique, Jeroens Oerlemans et John Cantlie, avaient été enlevés à Alep, le 19 juillet dernier, et retenus dans un camp “jihadiste“ avant d’être libérés.
Enfin, l’Armée syrienne libre à le devoir de veiller à la sécurité des journalistes et de leurs collaborateurs en évitant la mésaventure du reporter britannique Alex Thomson qui, en juin dernier, décrivait comment les rebelles lui auraient tendu un piège, l’emmenant, lui et ses collègues, dans une zone où les soldats de l’armée syrienne tiraient à vue.