Ce verdict sévère, prononcée contre Abdul Hussein Al-Sultan, est lourd de conséquences pour la liberté de la presse, dans un pays qui jusque-là faisait figure de modèle en la matière dans le Golfe persique, déclare RSF.
(RSF/IFEX) – Le 15 mars 2012 – Reporters sans frontières est consternée par la condamnation à six mois de prison ferme du rédacteur en chef du journal Al-Dar, Abdul Hussein Al-Sultan.
“Cette condamnation assortie d’une suspension du journal pendant trois mois est la preuve de l’acharnement des autorités koweïtiennes contre ce média, qui avait déjà essuyé deux interdictions préalables de diffusion”, a déclaré Reporters sans frontières, qui demande la levée immédiate de toutes ces mesures liberticides et l’annulation des charges contre le journaliste.
“Le 12 mars 2012, la cour koweïtienne a rendu un verdict sévère, et lourd de conséquences pour la liberté de la presse, dans un pays qui jusque-là faisait figure de modèle en la matière dans le Golfe persique”, s’est inquiétée l’organisation.
Le rédacteur en chef du quotidien Al-Dar, Abdul Hussein Al-Sultan, a été condamné à six mois de prison ferme, peine à laquelle il a pu échapper en versant une caution de 1000 dinars (2700 euros). Par ailleurs, le journal a été frappé de trois mois de suspension, suite à des propos publiés dans deux articles, jugés dangereux pour l’intégrité de la nation, accusés “d’incitation à la violation de l’ordre public” et “d’appel à la haine envers certains groupes religieux et composantes de la société”. Le rédacteur en chef souhaite faire appel de cette condamnation. Ces trois dernières années, il a recensé pas moins de 135 affaires opposant son journal au ministère de l’Information.
Pour avoir défendu la minorité chiite, peu avant le rendez-vous électoral des législatives du 2 février dernier, le journal avait été condamné à deux interdictions temporaires préalables de publication, d’une durée de deux semaines chacune. La première sanction avait été formulée le 1er février 2012, puis reconduite le 5 mars dernier pour une durée d’interruption équivalente.
Le ministère de l’Information aurait motivé ces procédures au nom de la “sécurité nationale” et de la “paix civile”, conformément aux dispositions de l’article 111 du code pénal et aux alinéas 2 et 7 de l’article 21 de loi n°3 de l’année 2006 sur l’impression et la diffusion.
L’organisation a aussi appris le report de l’audience au 21 mai prochain des onze prévenus accusés d’avoir pénétré par la force dans les locaux de la chaîne de télévision Al-Watan, dans la soirée du 31 janvier dernier. Quatorze membres des forces de sécurité et trois journalistes avaient été blessés, parmi lesquels, Yusuf Al-Mutairi et le photographe Mohamed Al-Sharhan du journal Al-Jarida.