(RSF/IFEX) – Dans un courrier adressé au président de la République, France Albert René, RSF a protesté contre le harcèlement dont est victime le seul journal indépendant de l’archipel. « Les touristes qui visitent les Seychelles doivent savoir que ‘la plus belle plage du monde’ cache l’un des régimes les plus répressifs de l’océan Indien en […]
(RSF/IFEX) – Dans un courrier adressé au président de la République, France Albert René, RSF a protesté contre le harcèlement dont est victime le seul journal indépendant de l’archipel. « Les touristes qui visitent les Seychelles doivent savoir que ‘la plus belle plage du monde’ cache l’un des régimes les plus répressifs de l’océan Indien en matière de liberté de la presse », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Le seul journal qui refuse de se soumettre à la censure institutionnalisée a été condamné à payer trois millions d’euros de dommages et intérêts au Président et à son entourage. Pour un journal tirant à 3 000 exemplaires, il s’agit d’une mort annoncée », a ajouté Ménard. RSF a demandé la levée des condamnations qui asphyxient financièrement le journal.
En février 2002, d’après les informations recueillies par RSF, l’hebdomadaire privé « Regar » a été condamné à verser un demi-million d’euros (environ 441 465 $US) au vice-président James Michel pour « diffamation ». Le journal avait publié, en novembre 2001, un article faisant état du rachat à un prix dérisoire d’un terrain sur lequel figure une somptueuse villa construite aux frais de l’État par le vice-président à Sans Souci (île de Mahé). Cette condamnation, la dernière en date, porte le montant total des sommes dues par le journal, au titre des dommages et intérêts pour « diffamation » ou atteinte à la considération, envers le Président et de nombreux hauts fonctionnaires, à trois millions d’euros (environ 2 648 000 $US).
Selon la troisième Constitution seychelloise, la liberté de la presse est garantie, mais elle reste limitée « pour protéger la réputation, les droits, et les libertés des vies privées des personnes » et dans « l’intérêt de la défense, de la sécurité publique, de la moralité publique, ou de la santé publique ».
Par ailleurs, l’État bénéficie d’un monopole de fait sur l’ensemble des médias audiovisuels. La seule chaîne de télévision est publique et les frais de licence des radios sont si élevés qu’il est quasiment impossible de créer une station privée. En septembre 1998, les députés du parti au pouvoir, le Seychelles People’s Progressive Front (SPPF – Front progressiste du peuple des Seychelles) s’étaient opposés à l’adoption d’un projet de loi soumis par l’opposition visant à réduire ces frais.