Alors que plusieurs journalistes ont été pris à partie pour leur couverture de l’élection présidentielle prévue à la fin du mois, Reporters sans frontières (RSF) demande aux acteurs politiques de ne pas se tromper d'adversaire et de ne pas s’en prendre à ceux qui témoignent de l’actualité liée à ce scrutin.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 15 octubre 2020.
Alors que plusieurs journalistes ont été pris à partie pour leur couverture de l’élection présidentielle prévue à la fin du mois, Reporters sans frontières (RSF) demande aux acteurs politiques de ne pas se tromper d’adversaire et de ne pas s’en prendre à ceux qui témoignent de l’actualité liée à ce scrutin.
Plusieurs journalistes de la presse étrangère dont Pierre Pinto, correspondant de Radio France Internationale (RFI), en Côte d’Ivoire ont fait l’objet de menaces sur les réseaux sociaux, lors d’un meeting de l’opposition, le 11 octobre dernier à Abidjan.
‘’Le meeting anti-troisième mandat de l’opposition a du mal à remplir le stade FHB (Félix Houphouët Boigny), pour l’instant. Les speakers accusent les autorités d’avoir bloqué des cars de militants à Yopougon. Les figures de l’opposition ne sont pas encore arrivées »,tweete Pierre Pinto, déclenchant une série de réactions dont celles d’une responsable de l’opposition qui s’est demandé s’il ne fallait pas s’en prendre physiquement aux journalistes.
Contacté par RSF, le correspondant de RFI explique avoir posté sa vidéo sur Twitter alors qu’il venait d’arriver au meeting de l’opposition. Il s’en est suivi “une avalanche de réactions de plus en plus véhémentes et agressives” mais qu’il ne s’en est aperçu qu’en fin de journée. Entre temps, il était intervenu en direct sur l’antenne de RFI pour parler du meeting et avait envoyé des reportages pour la matinale du lendemain matin. “Mais tout ce qui obsédait les twittos, c’est cette vidéo où on voyait un stade encore à moitié vide!”.
D’autres journalistes ont été violemment pris à partie. Récemment, André Sylver Konan, promoteur du site d’information en ligne Afriksoir et Félix Diby Boni, journaliste à abidjan.net ont fait l’objet de menaces et d’attaques verbales de la part de responsables politiques pour leur couverture de l’actualité politique. Quant à Julien Adayé, correspondant de la Deutsche Welle en Côte d’Ivoire, il a été brutalisépar des agents de police à Abobo, dans le Nord d’Abidjan, alors qu’il couvrait une manifestation de l’opposition contre la candidature du président Alassane Ouattara à l’élection présidentielle.
‘’Ces menaces contre des journalistes, qui ne font que leur travail en témoignant de ce qu’ils ont constaté sur le terrain, sont graves et inquiétantes, déclare Assane Diagne, directeur du bureau Afrique de l’ouest de RSF. Elles sont d’autant plus préoccupantes que les journalistes ont déjà fait l’objet des pires exactions lorsque le climat politique était tendu en Côte d’Ivoire. Nous exhortons les responsables politiques à ne pas se tromper d’adversaire et à ne pas s’en prendre aux journalistes qui demeurent des acteurs incontournables du processus électoral.”
Ces incidents se déroulent, alors que les commanditaires de l’assassinat en 2004 du journaliste franco-canadien Guy André Kieffer courent toujours. Un an auparavant, Jean Hélène, envoyé spécial permanent de RFI en Côte d’Ivoire était également assassiné à Abidjan, au plus fort de la crise post-électorale de 2002. Le policier qui l’avait assassiné, devrait être libéré, le 27 octobre 2020, après 17 ans d’emprisonnement.
La Côte d’Ivoire occupe la 68e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2020 par RSF.