(RSF/IFEX) – « Les rebondissements multiples survenus depuis l’annonce, la semaine dernière, de l’arrestation de dix suspects par le procureur général Iouri Tchaïka, nourrissent nos doutes quant aux capacités et à la détermination des autorités russes à faire la lumière sur l’assassinat d’Anna Politkovskaïa, près d’un an après sa disparition brutale. Une entreprise de décrédibilisation, orchestrée […]
(RSF/IFEX) – « Les rebondissements multiples survenus depuis l’annonce, la semaine dernière, de l’arrestation de dix suspects par le procureur général Iouri Tchaïka, nourrissent nos doutes quant aux capacités et à la détermination des autorités russes à faire la lumière sur l’assassinat d’Anna Politkovskaïa, près d’un an après sa disparition brutale. Une entreprise de décrédibilisation, orchestrée par ceux qui ont intérêt à ne pas voir aboutir l’enquête, n’aurait pas été plus efficace. Cela ne doit pas faire oublier le plus grave: des membres des forces de l’ordre auraient prêté leur concours au crime organisé pour assassiner la journaliste », a déclaré Reporters sans frontières.
« Les déclarations, démentis et revirements successifs des dernières quarante-huit heures confèrent un caractère regrettablement confus à l’action des autorités russes, totalement incompatible avec la gravité et le sérieux que l’on est en droit d’attendre s’agissant d’une affaire aussi importante », a ajouté l’organisation.
« Nous appelons la justice à garder à l’esprit l’exigence de vérité à l’égard des familles et collègues d’Anna Politkovskaïa. Nous partageons leur inquiétude après l’annonce de la nomination de Sergueï Ivanov à la tête des enquêteurs et nous espérons que ces changements ne nuiront pas à la qualité du travail d’investigation », a conclu Reporters sans frontières.
Le 4 septembre 2007, le parquet général a fait savoir dans un communiqué qu’une nouvelle brigade d’enquête avait été créée et que Sergueï Ivanov, chef du département d’enquête sur les affaires de haute importance au sein du parquet, dirigerait et coordonnerait l’activité des deux groupes, alors que Piotr Garibian était jusque-là, seul chargé de l’enquête. Le parquet général a justifié sa décision par le volume de travail à traiter dans cette affaire. Mais le fait que le comité de suivi qui aura la responsabilité d’affaires particulièrement sensibles doive entrer en activité le 7 septembre semble expliquer ces mouvements.
Le même jour, on a appris que l’arrestation d’un officier du FSB, Pavel Riagouzov, jugée illégale le 3 septembre par un juge de cassation d’un tribunal militaire de Moscou, avait été confirmée par d’autres magistrats. Cependant, des informations contradictoires circulent sur le crime pour lequel l’officier aurait été arrêté. Selon son avocat, il serait poursuivi dans le cadre d’une affaire datant de 2002 sans lien avec la mort d’Anna Politkovskaïa.
Deux autres personnes figurant sur la liste des suspects publiée, le 28 août 2007, dans le quotidien « Tvoï Den », Alexeï Berkine – garde du corps – et Oleg Alimov – ancien policier moscovite – auraient été relâchées pour manque de preuves. Un autre suspect, Sergueï Khadjikourbanov, policier spécialisé dans la lutte contre le crime organisé, se trouvait en prison à la date des faits.
L’avocate de la famille d’Anna Politkovskaïa, Anna Stavitskaïa, a fait savoir qu’elle avait exigé du parquet qu’une enquête soit menée afin d’identifier les personnes ayant révélé l’identité des suspects.
Le 27 août 2007, le procureur général de Russie, Iouri Tchaïka, avait annoncé avoir procédé à l’arrestation d’une dizaine de suspects dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, le 7 octobre 2006. Il a privilégié la piste tchétchène et mis en cause une bande organisée dirigée par « le chef d’un gang criminel de Moscou, d’origine tchétchène », et comprenant dans ses rangs d’anciens agents et d’autres encore actifs du ministère de l’Intérieur et du FSB.