Dans son rapport 2022, le Club des correspondants étrangers de Chine (FCCC) dénonce les obstacles auxquels sont confrontés les journalistes étrangers dans le pays, et insiste sur les restrictions liées aux abus de la politique zéro Covid.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 2 mars 2023.
Dans son dernier rapport annuel, le Club des correspondants étrangers de Chine (FCCC) dénonce l’usage généralisé de la Covid-19 comme prétexte pour empêcher les correspondants étrangers d’enquêter sur le terrain.
Dans son rapport 2022, publié le 1er mars 2023, le Club des correspondants étrangers de Chine (FCCC) dénonce les obstacles auxquels sont confrontés les journalistes étrangers dans le pays, et insiste sur les restrictions liées aux abus de la politique zéro Covid. Le rapport, basé sur les réponses de 102 membres du FCCC à une enquête, révèle que 46 % des journalistes ont été empêchés d’enquêter sur le terrain pour des motifs sanitaires ou de sécurité, alors qu’ils ne présentaient “aucun risque au regard des normes chinoises”.
“La présence de correspondants étrangers est indispensable pour que le monde comprenne la Chine, et la communauté internationale ne peut accepter que le gouvernement devienne l’unique source d’information sur le pays. Les régimes démocratiques doivent renforcer la pression sur le régime de Pékin pour mettre fin au harcèlement des correspondants étrangers et de leurs sources.”
Cédric Alviani, Directeur du bureau Asie de l’Est de RSF
Le “chantage au visa” demeure le principal outil des autorités chinoises pour empêcher les journalistes d’enquêter dans le pays : plus de la moitié des organes de presse interrogés (56 %) déclarent ne pas avoir reçu de titre de séjour pour leurs correspondants en 2022. La filature reste également une pratique commune, comme l’illustrent les 57 % de journalistes qui témoignent avoir été clairement pistés lors d’un reportage. La majorité des correspondants interrogés craignent également que leurs communications sur le réseau social WeChat soient enregistrées (85 %), tandis que plus d’un tiers d’entre eux pensent que leurs comptes sur Internet ont été piratés (36 %).
L’accès aux sources chinoises devient également de plus en plus difficile : l’année dernière, plus de deux tiers des correspondants (78 %) se sont vu refuser des entretiens par des individus qui estimaient ne pas avoir le droit de leur parler ou avoir besoin d’une autorisation préalable.
Ces dix dernières années, le dirigeant chinois Xi Jinping a renforcé le contrôle du régime sur les médias d’État chinois, tout en initiant une violente répression à l’égard des journalistes indépendants et en exerçant une intimidation et une surveillance accrues à l’égard des correspondants étrangers. En 2021, RSF a publié un rapport d’investigation inédit, Le Grand bond en arrière du journalisme en Chine, qui révèle l’étendue de la campagne de Pékin contre le journalisme et le droit à l’information dans le monde.
La Chine occupe le 175e rang sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022. Elle est la plus grande prison au monde pour les journalistes, avec au moins 114 d’entre eux derrière les barreaux.