(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 12 avril 2000: Dans une lettre ouverte aux représentants du Conseil de l’Europe et de l’Union Européenne, RSF attire l’attention sur la couverture médiatique de la guerre en Tchétchénie Dans une lettre adressée à Brian Cowen, président du Comité des ministres du Conseil de […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 12 avril 2000:
Dans une lettre ouverte aux représentants du Conseil de l’Europe et de l’Union Européenne, RSF attire l’attention sur la couverture médiatique de la guerre en Tchétchénie
Dans une lettre adressée à Brian Cowen, président du Comité des ministres du Conseil de l’Europe, Reporters sans frontières (RSF), association de défense de la liberté de la presse dans le monde, a attiré l’attention des responsables européens sur la couverture médiatique du conflit, qui fait actuellement rage en Tchétchénie. « Cette région, considérée comme l’une des plus dangereuses du monde pour les journalistes, est aujourd’hui un huis clos de terreur, où la guerre se déroule sans témoin », constate Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. RSF demande aux responsables européens de « considérer le libre accès pour les médias au territoire de la Tchétchénie, la fin des pressions sur la presse et la lutte contre les enlèvements de journalistes, comme des conditions nécessaires au rétablissement du statut de la Russie au sein du Conseil de l’Europe ». L’organisation s’est également adressée à Javier Solana, Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union Européenne, afin de lui demander de « tenir compte de ces exigences, avant toute normalisation des relations avec la Russie ».
« Alors que l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a suspendu le droit de vote de la délégation russe et appelle le Comité des ministres à engager une procédure d’exclusion de la Russie, en raison des violations des droits de l’homme en Tchétchénie, les autorités russes continuent d’affirmer procéder à une simple ‘opération anti-terroriste’ dans la république sécessionniste », constate l’organisation. « L’accès à cette zone reste soumis à l’attribution d’accréditations délivrées par les forces militaires, quasiment impossibles à obtenir », dénonce RSF, indiquant que les journalistes, en particulier les correspondants étrangers, sont fréquemment accusés de vouloir discréditer l’action des forces russes. « Une dizaine d’entre eux ont été interpellés, interrogés par les services secrets et éloignés des zones de combat. Seules les visites organisées par l’armée et les images ayant reçu l’aval des autorités militaires sont autorisées », conclut l’organisation.
Les pressions sont également multiples sur la presse nationale et les voix discordantes ne sont pas tolérées : « le sort réservé au journaliste Andrei Babitsky, correspondant en Russie de la radio américaine Radio Free Europe, en est la meilleure illustration », estime l’organisation, expliquant « qu’après son arrestation par l’armée fédérale et sa détention au camp de « filtration » de Tchernokozovo, où il a été maltraité puis livré à une milice tchétchène pro-russe, il ne doit sa libération qu’à la forte mobilisation internationale. Désormais assigné à résidence, Andrei Babitsky est toujours sous le coup de deux inculpations pour « participation à bande armée » et « usage de faux passeport » et se plaint de subir des pressions diverses ».
Enfin, le Caucase nord reste l’une des régions du monde les plus dangereuses pour les journalistes. RSF constate que « pas moins d’une dizaine de reporters ont été tués entre 1994 et 1996, en couvrant la première guerre de Tchétchénie. En décembre 1999, trois cameramen tchétchènes ont trouvé la mort lors des bombardements de l’armée fédérale et depuis 1997, une vingtaine de journalistes ont été enlevés ». « Les journalistes sont des victimes toutes désignées pour ce commerce qui ne veut pas dire son nom » estime encore l’organisation affirmant être « toujours sans nouvelles du photographe français Brice Fleutiaux, enlevé près de Grozny, par l’une des bandes qui sévissent dans la région » et qui « serait actuellement détenu au sud de la république, près de la frontière géorgienne, où se déroulent de violents combats ». Quant au photographe de l’agence russe Itar Tass, Vladimir Yatsina, retenu en otage depuis juillet 1999, « il aurait été tué par ses ravisseurs le 20 février dernier ».