(RSF/IFEX) – Lors d’une nouvelle journée d’audience, trois anciens miliciens timorais engagés aux côtés des forces spéciales indonésiennes ont confirmé la présence du capitaine Yunus Yosfiah lors de l’attaque de Balibo. Le témoin « Glebe 3 », ancien auxiliaire de l’armée indonésienne, a affirmé avoir vu Brian Peters, l’un des cinq journalistes tués à Balibo en 1975, […]
(RSF/IFEX) – Lors d’une nouvelle journée d’audience, trois anciens miliciens timorais engagés aux côtés des forces spéciales indonésiennes ont confirmé la présence du capitaine Yunus Yosfiah lors de l’attaque de Balibo. Le témoin « Glebe 3 », ancien auxiliaire de l’armée indonésienne, a affirmé avoir vu Brian Peters, l’un des cinq journalistes tués à Balibo en 1975, les mains en l’air, criant « Australien », puis s’écrouler au sol. Visiblement très ému, l’ancien milicien a pleuré lorsque l’assistante de l’officier de police judiciaire lui a posé des questions.
Le témoin « Glebe 4 », également engagé aux côtés de l’armée indonésienne, a répondu à des questions très précises sur les forces armées impliquées dans l’attaque de Balibo. Il s’agissait de 500 combattants – 120 miliciens timorais et près de 400 soldats des forces spéciales indonésiennes Kopassus – appuyés par l’artillerie et la marine. Après deux jours de bombardement, tous les civils avaient fui la localité. Selon lui, seuls cinq combattants du Fretilin (indépendantiste) défendaient la ville. Face à la progression des troupes indonésiennes, ces partisans se sont retirés. L’armée indonésienne est donc entrée sans combattre dans Balibo où les cinq journalistes étaient restés. Afin d’être identifiés, ils avaient peint sur la façade d’une maison un drapeau australien. Cette information a été confirmée par un film pris quelques jours avant l’attaque par des journalistes portugais, où l’on voit les reporters peindre ce mur.
Ensuite, l’un des cinq combattants du Fretilin, « Glebe 7 », a expliqué pendant l’audience qu’il avait vu depuis sa cachette, en lisière de Balibo, un officier tirer sur Brian Peters. Il a également entendu ses compagnons crier « Journalistes » avant que des coups de feu ne retentissent. Enfin, « Glebe 5 », un Timorais engagé aux côtés des Kopassus, a confirmé avoir vu, deux heures après les faits, dans une maison de Balibo, les corps sans vie des cinq journalistes.
Le 7 février 2007, l’ancien ministre indonésien Yunus Yosfiah a été accusé d’avoir tiré sur le journaliste Brian Peters.
Le deuxième jour de l’enquête judiciaire sur la disparition de Brian Peters a marqué un tournant important dans la progression de la vérité sur ce quintuple assassinat.
Un témoin timorais, surnommé « Glebe 2 » pour protéger son identité, accuse l’ancien officier et ex-ministre indonésien de l’Information, Yunus Yosfiah, d’avoir ouvert le feu sur Brian Peters alors que ce dernier n’était pas armé. Le reporter britannique aurait imploré la pitié de l’officier, les mains en l’air.
Les soldats indonésiens, aidés de paramilitaires timorais, auraient ensuite abattu les autres journalistes. Le témoin, ancien milicien pro indonésien, dit avoir vu le capitaine Yunus Yosfiah de profil à une cinquantaine de mètres, abattre à bout portant Brian Peters, sans même avoir engagé un dialogue avec lui. « Je pense que Yunus a tué Brian Peters », a affirmé le timorais au juge. Un deuxième témoin, « Glebe 4 », affirme, de son côté, avoir vu trois blancs se faire abattre par deux soldats indonésiens à l’intérieur d’un magasin chinois à Balibo.
Avant d’accepter de témoigner devant cette cour australienne, « Glebe 2 » défendait la version indonésienne de cet événement. Les autorités de Jakarta se seraient servies de son nom et de son témoignage pour affirmer que les reporters se trouvaient dans une maison depuis laquelle des membres du Front révolutionnaire pour l’indépendance du Timor Oriental (Fretilin, indépendantistes) tiraient sur eux. Un tir de mortier aurait mis le feu à la maison, calcinant les corps des journalistes. En 1999, ce témoin clé a décidé de se confier à un journaliste australien et de démentir la version de Jakarta.
Le 7 février, « Glebe 2 » a affirmé qu’en réalité, le colonel Dading Kalbuadi, dirigeant l’invasion du Timor oriental, se serait déplacé par hélicoptère sur les lieux de l’incident afin de s’assurer que les corps des reporters avaient été brûlés dans une autre maison. Tous leurs documents et équipements auraient également été détruits par les soldats.
Ainsi, lorsqu’une équipe d’enquêteurs mise en place par le gouvernement australien s’était rendue sur place, un an après le drame, « Glebe 2 » leur avait décrit cette version officielle des faits. Le colonel indonésien Ed Sinaga se serait fait passer pour un employé de « Glebe 2 » afin de s’assurer de son silence.
Interrogé par un journaliste de la radio-télévision australienne ABC, Yunus Yosfiah, qui a refusé de se déplacer pour témoigner devant la cour, dément ces accusations de meurtre et répète n’avoir jamais vu ces hommes. En revanche, il n’a pas nié avoir mené l’attaque du 16 octobre 1975 à Balibo. L’ancien ministre a enfin accusé de mensonges le témoin « Glebe 2 ».