(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président Alexandre Loukachenko, RSF a demandé que toute la lumière soit faite sur la disparition du cameraman Dmitri Zavadski. « Deux responsables du Parquet viennent de dénoncer l’existence d’un véritable « escadron de la mort » qui aurait été créé par d’actuels hauts responsables de l’Etat et qui serait à l’origine […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président Alexandre Loukachenko, RSF a demandé que toute la lumière soit faite sur la disparition du cameraman Dmitri Zavadski. « Deux responsables du Parquet viennent de dénoncer l’existence d’un véritable « escadron de la mort » qui aurait été créé par d’actuels hauts responsables de l’Etat et qui serait à l’origine de plusieurs disparitions, dont celle de Dmitri Zavadski », a indiqué Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Ces soupçons très graves justifient l’ouverture immédiate d’une enquête sur l’existence de ce groupe. Nous attendons des autorités policières et judiciaires biélorusses qu’elles accordent toute leur attention à ces accusations, qui pourraient être d’une importance capitale pour l’enquête sur la disparition de Dmitri Zavadski », a ajouté Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, deux membres du Parquet biélorusse, Dmitri Petrouchkevic, en charge notamment de l’affaire Zavadski, et Oleg Sloutchev, ont accusé, dans un communiqué diffusé le 11 juin 2001, le procureur général Viktor Cheïman, et le chef adjoint de l’administration présidentielle Iouri Sivakov, d’avoir créé un « escadron de la mort » en 1996, alors qu’ils étaient respectivement secrétaire du Conseil de sécurité et ministre de l’Intérieur. Ce groupe aurait été chargé, dans un premier temps, d’éliminer des chefs du milieu criminel, avant de recevoir des missions plus « politiques ». Les deux responsables du Parquet affirment que l’implication du groupe dans la disparition du journaliste Zavadski serait établie par l’analyse génétique d’une tâche de sang retrouvée dans le coffre du véhicule de l’un des membres présumés du groupe. Un porte-parole du Parquet biélorusse a qualifié ces accusations d' »absurdes ».
Le cameraman Zavadski a disparu, le 7 juillet 2000, à l’aéroport de Minsk alors qu’il devait accueillir à sa descente d’avion l’un des directeurs de la chaîne russe ORT, Pavel Cheremet. Son véhicule a été retrouvé sur le parking de l’aéroport. En 1996, Zavadski avait quitté la télévision d’Etat pour travailler pour ORT, contre la volonté des autorités biélorusses. Ancien cameraman personnel du Président, le journaliste avait été emprisonné pendant deux mois avec un collègue de l’ORT, en 1997, à la suite d’un reportage sur les défaillances des dispositifs de sécurité biélorusses le long de la frontière avec la Lituanie. Certains des collègues du journaliste accusent, depuis le début de cette affaire, les services secrets biélorusses d’être à l’origine de sa disparition. Le 11 mai, les autorités biélorusses ont annoncé avoir arrêté plusieurs membres d’un gang soupçonné d’avoir kidnappé Zavadski pour le compte du mouvement d’extrême droite russe UNR (Unité Nationale Russe). Les deux responsables du Parquet à l’origine des révélations sur la possible existence d’un « escadron de la mort » ont estimé que les résultats officiels de l’enquête sur la disparition du journaliste ont été « transformés en farce » par les autorités.