(RSF/IFEX) – Le 26 juillet 2004, plus de 200 journalistes ont organisé un sit-in au siège de l’Association des journalistes iraniens à Téhéran pour protester contre la suspension, le 17 et le 18 juillet, des quotidiens réformateurs « Vaghayeh ettefaghieh » et « Jomhouriat », et contre les nouveaux moyens de pression utilisés par l’autorité judiciaire pour « épurer » la […]
(RSF/IFEX) – Le 26 juillet 2004, plus de 200 journalistes ont organisé un sit-in au siège de l’Association des journalistes iraniens à Téhéran pour protester contre la suspension, le 17 et le 18 juillet, des quotidiens réformateurs « Vaghayeh ettefaghieh » et « Jomhouriat », et contre les nouveaux moyens de pression utilisés par l’autorité judiciaire pour « épurer » la profession.
« Nous soutenons fermement l’action courageuse et déterminée de ses journalistes. Depuis la confiscation des élections législatives par les conservateurs, en février dernier, les menaces sur la liberté de la presse n’ont fait que s’accroître. Après la fermeture de plus de 120 titres de la presse réformatrice en quatre ans, les convocations et emprisonnements de journalistes en série, un nouveau stratagème a été mis en place par Saïd Mortazavi, procureur de Téhéran, pour faire taire cette presse qui est parvenue à renaître de ses cendres après chacune des épreuves infligées par les censeurs. Mortazavi, qui bénéficie du soutien total du Guide de la République, a instauré, de facto, une liste noire qui vise à empêcher un journaliste ayant travaillé pour un titre suspendu de travailler dans une autre rédaction. Habile moyen d’écarter tous les journalistes de la presse réformatrice ! Nous dénonçons avec la plus grande force cette politique aux relents d’épuration et le chantage pratiqué par les autorités judiciaires sur des directions de journaux iraniens », a déclaré RSF.
Le sit-in, organisé au siège de l’Association des journalistes iraniens le 26 juillet, a rassemblé plus de 200 journalistes et des personnalités de la société civile, comme la prix Nobel de la Paix, Shirin Ebadi, et des familles de détenus. Une lettre ouverte, titrée « Nous sommes des journalistes », a été adressée au ministre de la Culture et de l’Orientation islamique, Ahmad Masjed Jameï, et au ministre du Travail, Nasser Khaleghi, tous deux de tendance réformatrice. Les signataires y ont exprimé leurs craintes : « Les tentatives de priver les journalistes d’écrire sont contraire aux articles 22, 28 et 43 de la Constitution, au droit du travail et à la Déclaration universelle de droits de l’homme. Ces menaces dessinent un sombre avenir pour notre pays ».
Le 17 juillet, « Vaghayeh ettefaghieh » a été suspendu pour « une durée indéterminée », pour « propagande contre le régime », « publication de fausses informations » et « insultes envers le Guide ». Ce quotidien, dont une grande partie de la rédaction est issue du quotidien réformateur « Yas-e no », suspendu le 18 février à la veille des élections législatives, a gardé une ligne éditoriale très critique envers les dirigeants conservateurs et notamment envers le nouveau Parlement. La notification de censure adressée par Mortazavi à la direction du quotidien mentionnait explicitement le fait que l’équipe rédactionnelle de « Vaghayeh ettefaghieh » provenait majoritairement de « Yas-e no ».
« Jomhouriat » a été suspendu le 18 juillet pour les mêmes chefs d’accusation. Javad Khorami Moaghadam, directeur du quotidien – qui n’en était qu’à sa 12e édition – avait été convoqué quelques jours plus tôt par le procureur Mortazavi. Ce dernier lui avait notamment demandé, sans succès, de limoger le rédacteur en chef de « Jomhouriat », Emadoldin Baghi, figure de la presse réformatrice et ardent défenseur de la liberté d’expression.