(RSF/IFEX) – Dans deux lettres adressées à José Ibraimo Abudo, ministre de la Justice, et Almerino Manhenje, ministre de l’Intérieur, RSF s’est inquiétée des récents développements dans l’enquête sur la mort de Carlos Cardoso. RSF a demandé aux deux ministres de garantir à l’avocate de la famille de la victime l’accès au dossier d’instruction, comme […]
(RSF/IFEX) – Dans deux lettres adressées à José Ibraimo Abudo, ministre de la Justice, et Almerino Manhenje, ministre de l’Intérieur, RSF s’est inquiétée des récents développements dans l’enquête sur la mort de Carlos Cardoso. RSF a demandé aux deux ministres de garantir à l’avocate de la famille de la victime l’accès au dossier d’instruction, comme le prévoit le code de procédure pénal mozambicain. L’organisation a également demandé aux autorités mozambicaines de présenter les suspects au plus vite devant un juge d’instruction, de garantir leur sécurité, de communiquer de manière transparente, et de garantir l’accès de tous les médias aux informations officielles.
Le 28 février 2001, selon les témoignages recueillis par RSF, le ministre de l’Intérieur a annoncé, lors d’une conférence de presse à laquelle « Mediafax » et « Metical » n’avaient pas été conviés, que des suspects avaient été arrêtés. Le 2 mars, la presse du Swaziland a publié un article sur les circonstances dans lesquelles trois « immigrés clandestins » mozambicains avaient été arrêtés par la police du Swaziland et reconduits à la frontière du Mozambique. Ils y ont été immédiatement arrêtés par la police mozambicaine, qui les suspecte d’être impliqués dans le meurtre de Cardoso. Le 4 mars, le journal gouvernemental « Domingo » a publié un article révélant l’identité et les circonstances de l’arrestation de deux hommes, accusés d’être les assassins du journaliste. L’hebdomadaire a donné de nombreux détails sur les suspects et reproduit les deux passeports portugais et mozambicains en possession de l’un d’entre eux. Ceci prouve que le journal a bénéficié d’informations confidentielles, alors que l’avocate de la famille de la victime n’a toujours pas eu accès au dossier.
Le nombre et l’identité des personnes détenues dans le cadre de cette enquête ne sont toujours pas connus. Selon « Domingo », deux suspects présumés, Carlos Pinto da Cruz et Manuel Fernandes, ont été arrêtés au Swaziland. Or ces noms ne correspondent pas à ceux révélés par la presse du Swaziland quelques jours plus tôt. Le 8 mars, aucun de ces suspects présumés, qui étaient détenus depuis plus d’une semaine, n’avait été présenté devant un juge d’instruction, ceci en contradiction avec la loi qui stipule que nul ne peut être détenu pendant plus de 48 heures par la police, sans être présenté à un juge d’instruction. Pinto da Cruz, délinquant connu des services de police, aurait souvent bénéficié par le passé de protections policières.
Le 22 novembre 2000, Cardoso, ancien directeur de l’agence mozambicaine de presse, fondateur du journal « Mediafax » et directeur de « Metical », a été assassiné devant son bureau par deux hommes alors qu’il s’apprêtait à monter dans sa voiture. Son chauffeur a été grièvement blessé. Cardoso avait reçu des menaces de mort. Il enquêtait sur divers scandales financiers et affaires de corruption. Le 21 décembre, RSF avait déjà écrit aux autorités mozambicaines, relevant des manquements graves concernant l’enquête préliminaire.