Fadoul Abderazak et Salihu Awalu ont été détenus par des autorités maliennes alors qu'ils se rendaient à une région occupé par des militants. Un porte-parole du ministère malien de la Défense, a déclaré que les journalistes avaient été arrêtés afin d'éviter qu'ils soient pris en otage.
(CPJ/IFEX) – 5 décembre 2012 – Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a aujourd’hui demandé au gouvernement du Mali de rendre immédiatement les passeports et les ordinateurs que les services de sécurité ont confisqué à deux journalistes internationaux de la chaîne qatarie Al-Jazeera. Les deux journalistes ont été détenus pendant deux jours le week-end dernier pour avoir tenté de faire un reportage dans la ville de Gao sous contrôle des militants islamistes.
La police de la ville de Ségou, située au nord du Mali, a arrêté samedi dernier vers 11h Fadoul Abderazak, un reporter de nationalité tchadienne, et Salihu Awalu, un caméraman de nationalité nigériane, selon des journalistes locaux. Les deux journalistes ont été interrogés dans un commissariat de police à Ségou, entre autres, au sujet de leur profession. Ils ont ensuite été transférés à Bamako, la capitale, et puis détenus par le Secrétariat d’Etat, selon Cheick Diouara, reporter de l’agence britannique Reuters TV qui travaillait avec les journalistes au moment de leur arrestation. Abderazak et Awalu ont été libérés lundi à 16 heures, mais leurs passeports et ordinateurs portables demeurent confisqués.
Abderazak et Awalu ont été interpellés alors qu’ils se rendaient à Mopti, une ville proche de la limite de la zone sous contrôle des forces gouvernementales dans la moitié nord du Mali, une région que les militants djihadistes occupent depuis mars dernier, selon Diouara. Il a déclaré que les journalistes tentaient de franchir le territoire sous contrôle des islamistes pour faire des reportages sur l’actualité dans la ville de Gao. Des militants du Mouvement pour l’Unité et le Jihad en Afrique de l’Ouest affilié à Al-Qaïda sont maitres de Gao ou ils terrorisent les stations de radio locales par l’intimidation brutale et imposent la censure draconienne, selon les recherches du CPJ.
Nouhou Togo, porte-parole du ministère malien de la Défense, a déclaré au CPJ que les journalistes avaient été arrêtés pour des raisons de sécurité, afin d’éviter qu’ils soient pris en otage dans cette région sous contrôle des islamistes. Il a dit qu’il allait se renseigner sur leurs passeports et leur matériel confisqués.
«Le gouvernement du Mali affirme avoir arrêté les journalistes d’Al-Jazeera, Fadoul Abderazak et Salihu Awalu, pour leur propre sécurité, mais une détention pendant deux jours constitue une entrave à l’exercice de leur profession, qui les oblige à donner la parole aussi bien au gouvernement qu’aux rebelles et islamistes », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Nous demandons aux autorités maliennes de rendre immédiatement les passeports et le matériel d’Abderazak et d’Awalu », a-t-il ajouté.
Abderazak et Awalu sont basés au Mali depuis octobre dernier, a dit Diouara. C’est en novembre qu’ils ont obtenu une accréditation officielle pour se rendre à la ville de Sévaré, près de Mopti, afin de faire un reportage sur l’armée malienne en manœuvre, a-t-il dit.
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