Le 20 avril 2013, lors de la conférence sur “la Réconciliation du Sud de la Libye” et qui réunit principalement la tribu Tébu et celle des Awlad Suleiman, certains journalistes couvrant l’événement ont été attaqués par des membres de la sécurité du Congrès général national (GNC).
Reporters sans frontières exprime sa vive préoccupation face aux menaces continues et aux attaques répétées auxquelles sont confrontés les journalistes libyens dans l’exercice de leurs fonctions.
Le 20 avril 2013, lors de la conférence sur “la Réconciliation du Sud de la Libye”, organisée par le gouvernement et le congrès libyens, et qui réunit principalement la tribu Tébu et celle des Awlad Suleiman, certains journalistes couvrant l’événement ont été attaqués par des membres de la sécurité du Congrès général national (GNC). Après une dispute agitée lors de la conférence, les journalistes ont été priés de quitter la salle. Ils ont alors été agressés par une vingtaine de membres des forces de sécurité en civil, les insultant et les menaçant avec des couteaux et des armes à feu. Le correspondant de la chaîne Al-Aan, Mohamad Al-Gharyani, a été violemment frappé à la poitrine comme le confirme son rapport médical, et Sadiq Al-Mabrouk de la chaîne Al-Naba a également été violenté.
En mars dernier, Mansour Ati, rédacteur en chef du journal indépendant Akhbar Ajdabia d’Ajdabia (est de la Libye), s’est vu contraint de s’excuser auprès du ministère des Affaires religieuses suite à la publication d’un poème de Mohammed Al-Shaltami considéré comme “apostasie”. Après de nombreuses menaces provenant de groupes armés a priori liés à la milice Ansar Al-Sharia, il a été contraint de démissionner de ses fonctions. Quelques jours plus tard, les locaux du journal ont été attaqués et saccagés, apparemment par les membres de cette même milice.
Les employés de la chaîne gouvernementale Libya Al-Wataniya se sont mis en grève au début du mois d’avril après l’agression d’un employé par un membre de la milice en charge de protéger les locaux de la chaîne. Le personnel de Libya Al-Wataniya exigeait que leurs locaux soient protégés par la police, voire l’armée, et non par des milices affiliées au gouvernement.
Récemment, le directeur exécutif de la chaîne Al-Assima, Abdelfath Ibrahim Al-Darbi, a reçu des menaces provenant, selon lui, des responsables de l’attaque des locaux de la chaîne le mois dernier. Les auteurs de ces intimidations ont menacé de le traquer jusqu’au Koweït et en Jordanie, pays où il réside également.
Reporters sans frontières rappelle le rôle fondamental que les journalistes jouent au sein de toute société démocratique et exhorte les autorités libyennes à déployer toutes les mesures nécessaires afin de permettre aux journalistes d’exercer leur métier en toute sécurité. Bien que consciente des nombreux défis auxquels doit faire face le gouvernement transitionnel libyen, notamment en terme de sécurité et de formation des forces armées gouvernementales, l’organisation demande à ce que le nouvel Etat libyen fasse tout ce qui est en son pouvoir pour que les menaces et attaques à l’encontre des journalistes soient endiguées et qu’elles cessent.
Reporters sans frontières tient également à rappeler les obligations nationales et internationales en termes de liberté d’expression et d’information auxquelles le gouvernement de transition libyen est soumis. Il demeure crucial pour l’avenir de la Libye que le nouvel Etat mette en place le plus rapidement possible des dispositions législatives et sécuritaires garantissant aux acteurs médiatiques de pouvoir exercer leur métier sans crainte d’être menacés, intimidés ou attaqués.