(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Amos Wako, procureur général de la République kenyane, RSF a exprimé sa préoccupation suite à l’agression dont a été victime Malachi Owino, photographe du quotidien privé « East African Standard », et à l’interpellation de quatre journalistes pour des motifs encore inconnus. « Ces récentes attaques et interpellations s’inscrivent dans un […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à Amos Wako, procureur général de la République kenyane, RSF a exprimé sa préoccupation suite à l’agression dont a été victime Malachi Owino, photographe du quotidien privé « East African Standard », et à l’interpellation de quatre journalistes pour des motifs encore inconnus. « Ces récentes attaques et interpellations s’inscrivent dans un contexte général d’intimidation et de harcèlement des journalistes kenyans de la part des autorités et des groupes qui les soutiennent », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
Selon les informations recueillies par RSF, Owino a été attaqué, le 26 novembre 2000, par une dizaine de jeunes, membres présumés du National Development Party (parti du développement national – proche du pouvoir). Le photographe couvrait une rencontre entre les membres de la commission pour la réforme de la Constitution et les habitants de Kisumu (province du Nianza, à l’ouest du pays). Les jeunes gens ont brisé son appareil photo et l’ont battu, le blessant à la tête.
Le même jour, Johann Wandetto, Jackson Orina, John Oroni et Osinde Obare, respectivement journalistes du « People Daily », du « Daily Nation », du « Kenya Times » et du « East African Standard », ont été arrêtés à Kitale (ouest du pays) et détenus pendant 24 heures pour un motif encore obscur. À la connaissance de RSF, aucune plainte n’a été déposée contre les quatre journalistes. Leur incarcération semble être liée à la publication, le 23 novembre par Wandetto, d’un article controversé sur l’ancien ministre Francis Lotodo. La famille du ministre décédé avait publiquement menacé Wandetto. Ce dernier aurait été interrogé par la police sur cette affaire alors que les trois autres journalistes auraient été accusés de l’aider à fuir la police.
RSF a appelé les autorités kenyanes à « tout mettre en oeuvre afin qu’une enquête exhaustive et impartiale soit menée sur l’agression de Malachi Owino, et que les coupables soient jugés ». Le secrétaire général de l’organisation a également demandé des précisions sur l’interpellation des quatre journalistes à Kitale. L’organisation a rappelé que le Kenya a ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et doit, à ce titre, protéger la liberté de la presse et garantir la sécurité des journalistes dans l’exercice de leur profession.
Enfin RSF a rappelé que ce n’est pas la première fois cette année que des membres de groupes politiques s’en prennent à des organes de presse. Ainsi, en juin, des étudiants avaient attaqué les locaux du « Daily Nation » (consulter l’alerte de l’IFEX du 13 juin 2000). De la même manière, Wandetto a été condamné en février à dix huit mois de prison pour avoir publié, en décembre 1999, des informations « alarmistes » (consulter les alertes de l’IFEX des 25 et 16 juin 2000).