(JED/IFEX) – Sept militaires de la Détection militaire des activités anti-patrie (DEMIAP, Renseignements militaires) et trois agents de l’Agence nationale des renseignements (ANR) ont fait irruption, le 1er avril 2004 vers 19h30 (heure de Kinshasa), dans les installations de Radio Kilimandjaro, une radio privée émettant à Tshikapa, deuxième ville de la province du Kasaï Occidental, […]
(JED/IFEX) – Sept militaires de la Détection militaire des activités anti-patrie (DEMIAP, Renseignements militaires) et trois agents de l’Agence nationale des renseignements (ANR) ont fait irruption, le 1er avril 2004 vers 19h30 (heure de Kinshasa), dans les installations de Radio Kilimandjaro, une radio privée émettant à Tshikapa, deuxième ville de la province du Kasaï Occidental, au centre de la République démocratique du Congo (RDC).
Dès leur entrée dans le studio de la radio, ils ont arrêté les émissions et ont demandé à chacune des personnes présentes de faire un test de voix pendant deux minutes. A l’issue de cet exercice et après près d’une heure de siège de la radio, ils sont repartis laissant derrière eux deux agents de l’ANR. Des témoins ont affirmé à JED que parmi les agents de l’ANR, ils auraient reconnu un certain Jean-Marie Misenga, chef de bureau investigations. Les 10 éléments des Renseignements militaires et civils étaient à la recherche de Sami Mbeto, animateur de l’émission en langue lingala intitulée « Tongo Etani, Ndeko ya Makambo ». L’animateur était absent de la radio au moment de l’arrivée des militaires et agents de renseignements.
Selon les informations obtenues sur place par JED, dans son émission du 1er avril, Mbeto aurait dénoncé les « traitements dégradants » que les services de sécurité militaire et civile font subir aux congolais refoulés de la République d’Angola qui rentrent en RDC par la ville de Tshikapa.
Contacté par JED au téléphone dans la soirée de 1er avril, le vice-gouverneur de la province du Kasaï Occidental, Macaire Mwangu Samba, a dit ne pas être au courant de cette situation et a promis de contacter ses services à Tshikapa pour en savoir plus. Une heure après, le vice-gouverneur a téléphoné à JED pour reconnaître qu’effectivement des militaires étaient passés à la Radio Kilimandjaro mais le but de leur « visite » était de récupérer l’enfant d’un militaire égaré dans la ville et qu’un journaliste de Radio Kilimandjaro avait récupéré. Selon le maire de la ville de Tshikapa, Hubert Mbingo Vula, cité par le vice-gouverneur, la radio, après avoir fait des communiqués sur l’enfant égaré, aurait exigé la somme de 500 francs congolais (soit à peine 1,5 $US).
Pontien Mukalu, directeur de Radio Kilimandjaro, a rejeté la version présentée par le maire de Tshikapa. Mukalu reconnaît l’affaire de l’enfant égaré et précise que le maire de Tshikapa est passé, dans la nuit du 1er au 2 avril, à la radio où il s’est entretenu avec les deux agents de l’ANR restés sur place. « Il n’a écouté aucun journaliste », a dit, en substance, à JED le directeur de la radio qui confirme pour sa part que les militaires et agents étaient à la recherche de l’animateur Mbeto et qu’ils avaient arrêté les émissions. Celles-ci ont repris peu après le passage du maire de la ville de Tshikapa.