(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République, le Général Robert Gueï, RSF a protesté contre les brutalités exercées à l’encontre de plusieurs journalistes du quotidien privé « La Référence », à Abidjan, et s’est inquiétée de la dégradation de la situation de la liberté de la presse en Côte d’Ivoire. Rappelant au chef […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République, le Général Robert Gueï, RSF a protesté contre les brutalités exercées à l’encontre de plusieurs journalistes du quotidien privé « La Référence », à Abidjan, et s’est inquiétée de la dégradation de la situation de la liberté de la presse en Côte d’Ivoire. Rappelant au chef de l’État « [son] engagement lors de [sa] prise de pouvoir à respecter la liberté de la presse », Robert Ménard, le secrétaire général de RSF, lui a demandé « de bien vouloir donner des instructions afin que de tels agissements ne se reproduisent plus et que les journalistes ivoiriens puissent exercer librement leur métier ».
Selon les informations recueillies par RSF, cinq militaires ont effectué une descente dans la rédaction du quotidien privé « La Référence », à Abidjan, le 16 mai 2000. Les soldats, armés de fusils, ont détérioré le matériel informatique, puis arrêté une photographe et trois journalistes, dont le directeur de publication, Patrice Pohé, pour les conduire à la Primature, qui abrite les bureaux du chef de l’État. Là, les journalistes ont été contraints de ramper, de faire des pompes, et ont reçu des coups de bottes, avant d’être relâchés une heure plus tard. Les militaires leur reproche la publication de deux articles dans « La Référence ». Le premier, publié le 12 mai dernier, affirme qu' »à chaque voyage à l’intérieur du pays, le cortège de Mme Robert Gueï coûterait 100 millions de francs CFA ». Le second, daté du 16 mai, indique que « le pouvoir de Robert Gueï est faible et peut être renversé à tout moment ». La semaine dernière, deux journalistes du même quotidien, dont Pohé, avaient été arrêtés et transférés dans un camp militaire d’Abidjan, avant d’être libérés deux heures plus tard.
Déjà, le 24 mars, une dizaine de militaires avaient envahi les locaux du quotidien privé « Le National », tiré des coups de feu au plafond et brutalisé plusieurs journalistes. Ils leur reprochaient la parution d’un article, le matin même, intitulé « Pour le peuple », qui critiquait le général Gueï. Les militaires s’étaient également livrés au même exercice dans les locaux des quotidiens privés « Le Jeune Démocrate » et « Soir Info », respectivement en janvier et mars (consultez l’alerte de l’IFEX du 29 mars 2000).