L'action menée par les militaires a fait suite à la publication d'un article indiquant que le président Condé aurait accordé aux militaires une augmentation de salaire de 100%.
(MFWA/IFEX) – Le 30 mai 2011, pendant l’après-midi, un group de militaires armés jusqu’aux dents a créé une scène chaotique dans les locaux du groupe de presse privé « L’Indépendant-Le Démocrate » situés dans la banlieue de Conakry.
Le correspondant de la Fondation pour les Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA) a rapporté que le directeur de publication du groupe, Mamadou Dian Diallo, ainsi que d’autres journalistes qui avaient été ameutés par l’action des militaires ont su prendre la fuite.
Le correspondant a informé que plusieurs autres membres du personnel qui sont restés au bureau ont été pris en otage pour plusieurs heures par les dix militaires déchaînés avant d’être libérés suite à l’intervention des responsables du Conseil national de la Communication (CNC), l’organe de régulation des médias.
L’action menée par les militaires a fait suite à la publication d’un article le 26 mai titré : « Hausse des salaires : Les militaires se frottent les mains » où le président Alpha Condé aurait accordé une augmentation de 100% des salaires des militaires après qu’ils ont provoqué des troubles.
« Nous voulons voir le directeur de publication parce que nous avons des questions à lui poser et des comptes à lui régler », a dit l’un des militaires qui a parlé au nom de ses collègues. Selon lui, ils agissaient sur les ordres d’un certain colonel Congo de la sécurité présidentielle.
Les militaires sont partis en promettant d’avoir la peau du directeur de publication Mamadou Diallo.
Par ailleurs, N’Fanly Guilavogui, un reporter de l’Evasion, une chaîne de télévision privée, a été violemment agressée le 30 mai par trois bérets rouges de la sécurité présidentielle à l’aéroport international de Conakry.
La caméra et le dictaphone de Guilavogui ont été détruits.
Le correspondant de la MFWA a rapporté que cet incident a eu lieu dans le salon présidentiel de l’aéroport, où un groupe de journalistes s’était rendu en vue de couvrir un point de presse par le président de la République qui était de retour d’un sommet tenu en France.
Selon le correspondant, l’un des militaires aurait dit : « Ne rentreront ici que les journalistes des médias d’Etat. Vous du privé, nous avons reçu l’ordre de ne pas vous laisser entrer, vous parlez trop ».
Guilavogui, qui est également des médias privés, a répondu : « Mon capitaine, ne faites pas la différence entre les journalistes. Il n’y a qu’une famille de la presse nationale. Nous du privé, nous sommes des Guinéens aussi ».
Cette réponse a énervé le capitaine qui, rejoint par deux autres militaires, s’est jeté sur lui et l’a tabassé. Il a fallu l’intervention de certains ministres pour tirer le journaliste des griffes de ces militaires déchaînés.