(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre birman de l’Intérieur, le Lieutenant-général Tin Hlaing, RSF a protesté contre la saisie de publications étrangères à Rangoon et les amendes imposées aux maisons de la presse qui les avaient importées. L’organisation de défense de la liberté de la presse a demandé au ministre de tout mettre […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre birman de l’Intérieur, le Lieutenant-général Tin Hlaing, RSF a protesté contre la saisie de publications étrangères à Rangoon et les amendes imposées aux maisons de la presse qui les avaient importées. L’organisation de défense de la liberté de la presse a demandé au ministre de tout mettre en oeuvre pour « que les journaux saisis soient restitués à leurs propriétaires et que les publications étrangères soient librement distribuées en Birmanie ». Par ailleurs, RSF a exprimé sa très vive préoccupation quant à l’état de santé de l’avocat Cheng Poh, condamné, le 13 septembre 2000, à quatorze ans de prison pour avoir distribué des articles de la presse étrangère sur la situation politique en Birmanie (consulter l’alerte de l’IFEX du 15 septembre 2000). Enfin, RSF a rappelé que dans un document daté du 18 janvier, le rapporteur spécial sur la liberté d’opinion et d’expression de la Commission des droits de l’homme des Nations unies a souligné que « l’emprisonnement en tant que condamnation de l’expression pacifique d’une opinion constitue une violation grave des droits de l’homme. » Au moins douze journalistes sont actuellement emprisonnés en Birmanie.
Selon les informations diffusées par la radio indépendante Democratic Voice of Burma, cinq maisons de la presse ont été condamnés à des amendes de 30,000 kyats (4 800 $US, 5 000 euros, au taux officiel) pour avoir importé des publications étrangères comportant des articles sur Aung San Suu Kyi et son parti, la Ligue nationale pour la démocratie. Les publications ont été saisies par des soldats de la Septième unité des services secrets militaires. L’officier en charge de cette opération, le Major Thura Lwin, a menacé les maisons de la presse de représailles si elles importent, à nouveau, des publications traitant de la situation du chef de l’opposition, Suu Kyi.
Cette saisie intervient une semaine après la condamnation à quatorze ans de prison de l’avocat Cheng Poh, accusé d’avoir distribué des photocopies d’articles sur la situation politique en Birmanie. Il aurait également écrit des slogans hostiles à la junte militaire sur ces documents. Cheng Poh, arrêté en juillet dernier, est détenu dans la prison d’Insein. Agé de 77 ans, il est très affaibli et les autorités militaires auraient refusé de le transférer à l’infirmerie de la prison.
Enfin, au cours de ces dernières semaines, les médias officiels birmans ont violemment attaqué la presse internationale, accusée de mener une « campagne concertée contre le régime militaire ». Suu Kyi, qualifiée de « sorcière démocratique », serait complice de cette campagne. La lauréate du Prix Nobel de la paix a entamé un bras de fer avec les militaires en tentant à deux reprises de quitter Rangoon. Des correspondants de la presse étrangère ont été empêchés par la police militaire de couvrir les déplacements avortés de Suu Kyi vers la province.
Le journal gouvernemental « Kyemon » a, par ailleurs, accusé le quotidien thaïlandais « The Nation » de « fabrication » et de « mensonges ». Celui-ci avait publié une enquête sur l’utilisation des avions de la compagnie nationale birmane dans le trafic de drogue.