Saeed Malekpour et Vahid Asghari ont vu leurs peines de mort confirmées par les tribunaux.
(RSF/IFEX) – Le 11 janvier 2012 – La politique de répression sans fin menée par le gouvernement iranien contre les journalistes et net-citoyens se durcit chaque jour davantage, dans le cadre d’une multiplication des exactions contre les dissidents et d’un élargissement de la censure sur Internet.
Le 10 janvier 2012, Reporters sans frontières a adressé un courrier à la Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Navi Pillay, pour lui faire part de son inquiétude et solliciter son intervention urgente.
Deux blogueurs condamnés à la peine capitale
Deux net-citoyens, Saeed Malekpour et Vahid Asghari, avaient été condamnés à mort en janvier 2011 pour « agitation contre le régime » et « insultes à l’Islam ». Leur verdict vient d’être confirmé par les tribunaux iraniens. La cour suprême doit désormais se prononcer. D’après la famille de Saeed Malekpour, actuellement emprisonné, le juge Mohammad Moghisieh, président de la 28ème chambre du tribunal de la Révolution de Téhéran, a annoncé en octobre 2011 la confirmation de la peine.
Vahid Asghari, étudiant en technologies de l’information, âgé de 25 ans, lui aussi incarcéré, aurait subi des actes de torture. Son procès aurait eu lieu à la fin de l’année 2010, mais sa famille a été récemment informée de sa condamnation à mort par Abolghasem Salevati, président de la 15ème chambre du tribunal de la Révolution.
Nouvelle vague d’arrestations de journalistes
Le Guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, a lancé une guerre sans merci contre les journalistes et les net-citoyens depuis la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence en juin 2009. Plus d’une centaine de blogueurs ont été arrêtés et condamnés à des peines allant de un an à vingt ans de prison ferme au nom d’une stratégie paranoïaque de riposte contre la « guerre douce » menée par les « ennemis de l’Iran ».
La Compagnie des Télécommunications d’Iran (CTI), rachetée par les Gardiens de la Révolution, se trouve de fait sous leur contrôle. Le Centre de surveillance des délits organisés, instauré par ces derniers, et son site officiel Gerdab, ont activement participé à la traque des net-citoyens en les identifiant et en les arrêtant. Le 20 mai 2010, Ebrahim Jabari, l’un des commandants des Gardiens de la Révolution, a confirmé officiellement la création d’une cyber-armée, responsable des actions de répression contre les réseaux qualifiés de « destructeurs », et de l’arrestation de centaines de net-citoyens. Vingt-et-un net-citoyens et vingt-neuf journalistes sont actuellement derrière les barreaux.
Trois d’entre eux, Fatemeh Khardmand, Ehssan Hoshmand et Said Madani, ont été arrêtés, le 7 janvier 2012, à leurs domiciles de Téhéran par des hommes en civil. Le 8 janvier, le ministre des Renseignements, Heydar Moslehi, a confirmé les arrestations en déclarant que « les personnes arrêtées prévoyaient d’exécuter des projets américains pour perturber les élections parlementaires en utilisant le cyberespace et les réseaux sociaux ». Des allégations mensongères rejetées par Reporters sans frontières, qui rappelle que ce régime accuse systématiquement et sans aucune preuve les voix dissidentes d’être des espions travaillant pour les Etats-Unis ou Israël.
Ehssan Hoshmande est un journaliste et sociologue spécialiste de l’histoire du peuple kurde.
Fatemeh Kherdmand, journaliste pour le mensuel Gozaresh sanat chap, a été arrêtée par quatre hommes en civil. D’après son mari, le journaliste et blogueur Masoud Lavassani, libéré lui-même en juillet dernier après deux ans de détention, les agents du ministère des Renseignements, munis d’un mandat d’arrêt, ont expliqué qu’il lui était reproché d' »être en contact avec les familles de prisonniers politiques ». L’état de santé de Fatemeh Kherdmand est inquiétant. Leur fils de quatre ans, déjà perturbé par la longue incarcération de son père, est en état de choc.
Mehdi Khazali, animateur du blog Baran, a été à nouveau arrêté le 9 janvier 2012. D’après sa femme, il a été blessé au cours de son interpellation, très violente. Mehdi Khazali est le fils de l’ayatollah Abolghasem Khazali, membre influent du Conseil des Gardiens de la Constitution iranienne depuis une trentaine d’années. Malgré ses déboires avec la justice, Khazali critique sévèrement, sur son site, la politique gouvernementale et dénonce les exactions du régime. Son blog a été piraté et n’est plus disponible.